Cette formulation est obtenue à partir d'aphorismes de Cézanne recueillis par Léo Larguier (date : environ 1902) et ici retravaillés dans les mêmes conditions que ceux sur la sensibilité.

Le dessin pur est une abstraction. Dans la nature, tout est coloré, la forme et le contour des objets sont donnés par les colorations. Au fur et à mesure que l'on peint, l'on dessine; plus la couleur s'harmonise, plus le dessin se précise. La justesse du ton donne à la fois la lumière et le modelé de l'objet. Quand les tons sont harmonieusement juxtaposés et qu'ils y sont tous, le tableau se modèle (ou plus exactement se module) tout seul. On peut dire que peindre, c'est contraster, c'est enregistrer ses sensations colorées (p36, opinion recueillie par Emile Bernard). Plus les rapports de ton sont nombreux et variés, plus l'effet est grand et agréable à l'oeil. L'artiste fait des choix en fonction de sa propre gamme. C'est la modulation, [invention technique majeure de Cézanne (p193)]. La peinture est l'art de combiner ces effets.

Le dessin peut être un rapport blanc/noir, mais ces deux tons ne sont pas privilégiés. Lumière et ombre ne sont qu'un rapport de deux tons. La lumière n'est qu'une enveloppe (p46). C'est le reflet qui est enveloppant, pas la lumière.