Derrida
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(CinéAnalyse) : En crédibilisant le réel, par regard et couleur                     (CinéAnalyse) : En crédibilisant le réel, par regard et couleur
Sources (*) : Dissémination, danger!               Dissémination, danger!
Paul Cézanne - "Conversations avec Paul Cézanne, Edition critique présentée par P.M. Doran", Ed : Macula, 1978, p44

 

Montagne Ste Victoire (Cezanne, 1904) -

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Aucune couleur n'a de place

Nous percevons les sensations colorées sans les maîtriser, comme des rapports qui diffèrent non par leur intensité mais par leur sonorité propre

Aucune couleur n'a de place
   
   
   
                 
                       

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Les citations et aphorismes de Cézanne utilisés pour fabriquer cette proposition (l'aphorisme XXVI de Léo Larguier et la lettre à Emile Bernard du 23 novembre 1904) sont loins d'être aussi clairs, mais ils existent, et les mots sont les siens [même si les commentaires autour de Cézanne et la musique ont souvent outrepassé ses idées].

La lumière et l'ombre sont dans un rapport de couleur. Ils produisent dans notre organe visuel une sensation optique. Nous classons les plans demi-tons par demi-tons, en fonction de la lumière (nuances de valeur), mais (contrairement à ce qu'affirme l'enseignement académique) le peintre ne se sert pas de ce classement abstrait. Pour lui, la lumière n'existe pas. Seules existent les sensations colorantes. Sous cet angle nous n'avons pas de point d'appui - sauf les oeuvres admirables transmises par la tradition. Nous pataugeons, nous ne nous possédons pas. Nous ne pouvons nous appuyer que sur la vision des plans et des parties de l'image.

 

 

Cézanne refuse d'analyser la peinture par les méthodes académiques ou scientifiques [ainsi Seurat, par exemple, se retrouve-t-il dans le même sac que, par exemple, Cabanel]. Il privilégie l'équivalent pictural du timbre [voire du bruit], dont il s'efforce de tirer des harmonies, indépendamment de la substance de l'objet. C'est là tout son travail, et c'est ce qui conduit Emile Bernard à affirmer que "son oeuvre confine à la musique". En effet il n'imite pas. Il regarde esthétiquement, pas objectivement. Il exprime par la sensibilité sa perception des rapports et des accords. Il vise l'absolue perfection - celle qui nous fait perdre de vue la chose représentée pour jouir artistiquement.

 


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