En général, on oppose la foi et la machine. Comme le montre Benveniste à propos de l'étymologie du sacré et du saint, il faut les penser ensemble. Du savoir au savoir-faire, c'est toujours la même possibilité qui est mise en oeuvre : celle du vivant, du fécond, de l'accroissement, du gonflement ou du grossissement, c'est-à-dire du phallique. Toutes les valeurs engagées dans le sacro-saint, l'intact ou l'indemne y concourent. Garder la vie indemne, c'est la dupliquer, en faire des fétiches.

La technoscience contemporaine est dans cette veine. D'une part c'est une logique puissante, qui compte et calcule et tente de s'immuniser contre l'altérité. Mais d'autre part, pour rester indemne, elle doit s'accroître, se développer, fabriquer des fétiches et des idoles qui la dépassent et introduisent de l'incalculable, du fantasme. Pour survivre, elle favorise un culte et une culture de l'idole.

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Deux sources de la religion : le lieu originaire, désertique, qui est celui du respect, de la foi en un automatisme sacré (l'extase d'une extrême abstraction); le spectre, le fétiche, le désir de rassembler, de réunir.