Derrida
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de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, la circoncision                     Derrida, la circoncision
Sources (*) : Derrida, la Torah               Derrida, la Torah
Jacques Derrida - "Circonfession", Ed : Seuil, 1991, p68

 

La circoncision- detail (Rembrandt, 1661) -

Moïse

La circoncision, cette coupure du pourtour, est instituée par et pour la mère

Moïse
   
   
   
La voix coupée du corps La voix coupée du corps
Derrida, la mère, la matrice               Derrida, la mère, la matrice  
                       

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Pendant la circoncision, on tient la mère à l'écart pour qu'elle ne voie pas le linge ensanglanté. C'est pourtant elle la première concernée. C'est d'elle que l'enfant est séparé, c'est elle qui est en larmes, c'est elle qu'il faut consoler, c'est elle qui subit la cruauté de l'acte effectué sans anesthésie.

Tsiporah, femme de Moïse, a réparé la défaillance de son mari. Comme il était incapable de circoncire son fils, elle s'est substituée à lui. Exode (4.25) : "Tsiporah prit une pierre aiguë, coupa le prépuce de son fils, et le jeta aux pieds de Moïse, en disant : Tu es pour moi un époux de sang" [cet époux, selon le Talmud, ce n'est pas Moïse, mais l'enfant]. La Tora insiste : Et l'Eternel le laissa [il renonça à faire mourir Moïse, qui n'avait pas eu le courage de circoncire son fils]. C'est alors qu'elle dit : Epoux de sang! à cause de la circoncision (Ex 4.26). [Autre hypothèse : si la Tora insiste, si elle dit deux fois Epoux de sang, c'est qu'elle a deux époux, le mari et le fils].

Des siècles durant, beaucoup de mohels [circonciseurs] ont pratiqué la succion, ou métsitsah, à même le gland, y mêlant vin et sang. Cette pratique a été abolie à Paris en 1843 pour raison d'hygiène [mais il semble qu'elle perdure). Derrida signale une coutume selon laquelle les femmes juives d'Algérie devaient manger le prépuce. Elles le suçaient [selon son fantasme à lui, J.D.] porte sublime de la fellation.

 

 

Couper le pourtour, c'est laisser la chose sans bord, c'est-à-dire sans cadre, sans parergon. On retombe sur l'une des définitions derridiennes de l'oeuvre : ce qu'aucun bord ne peut arrêter. La circoncision laisse deux restes : le prépuce et l'objet nu (organe du manque). Il n'y a pas de borne à sa productivité.

Selon Jacques Derrida, le prépuce est un anneau qui lie le fils à sa mère. Lors de sa circoncision à lui (sa "propre" circoncision), ce serait sa mère à lui, descendante algérienne de Tsiporah, qui aurait commis un crime contre lui, et lui, il s'acharnerait à l'avouer [car le crime est en lui]. Quelle serait alors la place du père? [Dans la tradition juive, la circoncision est supposée séparer le fils de la mère et le lier à la communauté, c'est-à-dire au père]. Il n'en dit presque rien dans ce livre - sauf une allusion à un événement survenu deux ans après la mort de son père (perte d'un anneau) qui aurait contribué à l'éloigner de la tradition paternelle pour ouvrir un autre chemin.

 


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DerridaCirconcision

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