Deux grands récits des origines, au départ indépendants, voire concurrents, auraient été rassemblés par le milieu sacerdotal au VIème siècle avant J-C ou au temps de Josias, (639-609), quelques années avant l'exil des Judéens à Babylone (587) :

- une sédentatisation pacifique des hébreux, sur place, en Canaan, au côté d'autres peuples. Au début de la Genèse, les promesses de don du pays véhiculent l'idée d'une cohabitation. Elles ne sont pas renvoyées à un futur lointain, mais s'appliquent immédiatement. Les patriarches y séjournent longtemps avant de le posséder. Abraham serait originaire d'Hebron (et non pas d'Ur), Isaac de Bersheva, Jacob-Israël du Nord (Sichem, Bethel). Les généalogies abondent dans le livre de la Genèse. Tous les peuples de la région sont considérés comme apparentés.

- une conquête rapide et violente avec construction d'une identité exclusive, garantie par l'allliance de Moïse avec dieu (l'Exode, le Livre de Josué). Ce pays est introduit comme un endroit inconnu. Moïse n'est pas un ancêtre. Son ou ses fils ne jouent aucun rôle dans le récit biblique. Le contrat entre Yahvé et Israël se concrétise par une loi qu'il faut respecter. Le livre de Josué, qui sera exclu du Pentateuque (lequel se termine à la mort de Moïse) est une construction théologique en réponse à l'idéologie guerrière des Assyriens. Elle s'explique par le contexte de l'époque perse (VIè-Vè siècle).

Cette duplicité reflète la duplicité de l'origine elle-même.