Nos perceptions ouvrent sur un monde privé, celui de la foi perceptive de chacun. C'est une expérience émotionnelle qui fait luire le vrai. Chacun de nous a la sienne. Nous en avons une certitude naïve, aussi forte dans la pratique qu'elle est faible dès qu'elle veut se convertir en thèse.

Il n'y a pas de monde unique de la perception. Pourtant le vécu d'autrui n'est pas rien pour moi. Je crois en autrui. Je sais que lui et moi voyons la même chose, et en même temps je ne rejoins jamais son vécu. S'il est duplication du mien, il n'est pas suffisant pour me faire sortir du solipcisme. Y a-t-il un monde, le monde, qui réunisse le sien et le mien? Les mondes privés communiquent par la chose même, la chose que je vois, mais sans résoudre le paradoxe interne de ma perception : une certitude qui reste absolument obscure. Elle est de l'ordre de la foi, à la fois évidente et injustifiable, plus vieille que toute opinion. Nous ne pouvons ni la penser, ni la formuler.

L'univers de la vérité et de la pensée se construit par emprunt à la "structure monde". Tout ce qui s'appelle pensée exige une distance à soi, qui n'est accessible que par un champ de vision. La première assise du monde sensible n'est pas extérieure à moi, elle est un être dans le monde.

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Propositions

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