La science veut s'excepter des relativités qu'elle établit, se mettre hors jeu. Pour elle, le vrai est l'objectif, ce qui se détermine par la mesure, par des opérations, et pas par le contact (le vécu). Le monde se ferme sur lui-même. Loin de dissiper les obscurités de notre foi naïve dans le monde, elle en est l'expression la plus dogmatique, elle reprend à son compte notre certitude d'accéder aux choses mêmes.

Le Grand Objet est l'objet pur, "objectif", face auquel le scientifique se pose comme Esprit Absolu. Il exclut toute solidarité entre l'observable et l'observateur. Depuis que la science elle-même a reconnu comme être physique la relation entre observateur et observé, Le Grand Objet fait figure de préjugé pré-scientifique.

Aucune ontologie n'est requise par la pensée physique au travail. Devant les nouveaux objets qu'elle produit (par exemple des particules inobservables), elle préfère l'état de crise permanente plutôt que de mettre en question la certitude d'une adéquation entre opération de science et Être. Le physicien encadre dans une ontologie objectiviste une physique qui ne l'est plus.

Pourtant, l'ordre subjectif (psychisme) est aussi incohérent que l'ordre objectif. Un moment vient où le développement même du savoir remet en question le spectateur absolu.