Faisant la liste de ce qui, dans son travail de pensée et d'écriture, est le plus irréductiblement lié à l'être-juif, Derrida cite : l'écriture, la trace, la loi, la justice, le droit et la messianité, puis ajoute : et surtout la khôra. Pourquoi surtout? A cause de l'affinité profonde de ce terme grec avec une certaine nomination du Dieu des Juifs. Quelle nomination? D'abord le Lieu (maqom), et aussi, peut-être, le tétragramme : lieu imprononçable, lieu donné pour qu'ait lieu, s'il a lieu, l'événement pour lequel Derrida garde, ici, le nom de révélation [qu'il critique en d'autres textes], une révélation à la fois anthropo-théologique et anhumaine, athéologique.

Khôra ne désigne pas seulement ce qui ne peut pas se dire d'un tel lieu, il ouvre ce lieu, au-delà de toute théologie négative.

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Si Derrida a "signé" lui-même ce terme, khôra, c'est qu'il n'en dit pas exactement la même chose que Platon.