Arrivé à Paris en février 1886, il découvre les impressionnistes et s'exerce dans les études de couleur. Il travaille avec méthode et acharnement. Comment harmoniser la brutalité des extrêmes? Le vrai dessin dit-il, "c'est le modelé avec la couleur" - évolution radicale par rapport à sa peinture hollandaise où il privilégiait le contour. Il tente le pointillisme et en vient assez vite à fusionner trait, graphisme et couleur. C'est une révolution qu'il ne peut mener à son terme à Paris. Il devine qu'il lui faut une autre lumière, moins indexée sur la nature, la perception, les changements de la vision. Il refuse tout compromis : il faut partir. Nul ne sait, encore aujourd'hui, pourquoi il a choisi Arles. Muet, ne parlant à personne, il peint du matin au soir sur le motif. Sa palette se colore : bleu céleste, orange, rose, vermillon, jaune très vif, vert clair, le rouge clair du vin, violet. Je suis arrivé maintenant de parti pris de ne plus dessiner un tableau au fusain. Cela ne sert à rien, il faut attaquer le dessin avec la couleur même pour bien dessiner.

Il est seul en Arles du 20 février 1888 jusqu'à l'arrivée de Gauguin (18 octobre). C'est là qu'il donne libre cours à ses préférences (jaune sur jaune, jaune sur bleu). Deux mois plus tard intervient sa violente crise du 23 décembre 1888, quand il se coupe l'oreille et la remet à une prostituée dénommée Rachel. Après quelques jours d'hospitalisation, il revient dans la Maison Jaune arlésienne, mais doit partir le 8 mai 1889 pour l'hospice de Saint-Rémy de Provence. Il peint alors des tableaux en vert et rouge comme celui-ci, ou composés comme celui-là.

Il écrit à son frère Théo : Au lieu de chercher à rendre exactement ce que j'ai devant les yeux, je me sers de la couleur plus arbitrairement pour m'exprimer fortement. Arbitraire par rapport à quoi? Par rapport aux couleurs naturelles et aussi aux pratiques des impressionnistes. Ce qu'il fait est nouveau, il s'en rend compte, mais nouveau en quoi? Tout l'avenir de l'art nouveau est dans le Midi écrit-il, car l'air y est transparent.

La couleur est inséparable de la vibration, et la vibration est inséparable de la jouissance : Nous autres toqués jouissons tout de même de l'oeil, n'est-ce pas! Je voudrais peindre des hommes et des femmes avec je ne sais quoi d'éternel, dont autrefois le nimbe était le symbole, et que nous cherchons pour le rayonnement même, par la vibration de nos colorations. On en jouit, et elle est aussi à la place du nimbre, de la sainteté. Une couleur jouissive et aussi sainte, voilà qui nous rapproche des mystiques. Arles est la ville où Van Gogh a trouvé son propre chemin vers la jouissance mystique.

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Propositions

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