C'est la thèse de Siegfried Giedion dans ses deux livres Space, Time and Architecture (1941) et Mechanization takes command (1949). L'événement est sans précédent dans l'histoire de l'humanité. La transmission de la volonté et de l'énergie obéissent à de nouveaux concepts. Elle n'est pas une simple substitution de la machine au travail manuel : elle transforme le mode d'emprise de l'homme sur son entourage et aussi sur lui-même. La technique se pose en rivale de l'homme en offrant son principe d'organisation propre. C'est une rupture tragique, un déchirement. De nouveaux types d'objets apparaissent, et aussi un nouveau type humain écartelé et même mutilé.

Avec la spécialisation du travail, l'homme perd la capacité de voir des ensembles, de traduire en actes ses pensées et son expérience émotionnelle. Sa participation à la vie collective est réduite. Ses facultés sont morcelées. Il perd le contact avec l'art et la morale.

Usine abandonnée - © D.R.