Le problème du mouvement hantait les artistes depuis longtemps (par exemple Degas, Toulouse-Lautrec). Les découvertes de Marey sur la plasticité des sensations, l'émergence du cinéma, le succès des philosophies de l'écoulement et de l'immobilisation fugitive du réel (W. James, Bergson), les dernières formes de l'impressionnisme, allaient dans le même sens. L'apport des cubistes a été de confondre la notion de mouvement avec celle de déplacement. En juxtaposant et en superposant un réel démonté, ils ont introduit un facteur nouveau, une dimension supplémentaire qui bouleversait l'ancien système figuratif.

A l'origine du cubisme, il y a quelques toiles du Cézanne de l'époque du Jas de Bouffan, quand il désirait ramener toutes les formes au cône et à la sphère. La tendance à décomposer l'objet usuel influence Braque et Picasso, mais aussi Laurens, Archipenko, Lipchitz. Elle est suivie d'une autre phase de spéculation sur les lignes et les plans qu'on retrouve également en sculpture (Brancusi) et en architecture (Loos, Le Corbusier).

Le cubisme contribue à définir une nouvelle attitude plastique et monumentale, liée à une perception différente de la structure interne des objets matériels.

Avec le cubisme, l'espace de dissémination trouve une concrétisation dans l'art. Le temps n'est pas simplement ajouté aux autres dimensions, il introduit en elles le supplément, l'excès.