La notion de phonotope est développée par Peter Sloterdijk (in Ecumes, Sphères III). Nous vivons sous un dôme ou un toit où des voix sont reconnues, des résonances se croisent et se partagent. Etre un sujet, c'est habiter dans cette clôture, c'est être encapsulé dans un cercle sillonné de signaux, de visages, de solidarités, d'objets : imbrication mère/nourrisson, relation amoureuse, équipe ou parti. Pas de sujet sans espace médial ou transitionnel riche de tensions, sans être confronté à un milieu, un environnement, une présence, un nobjet - inframonde où règne la libido primaire. Nous nous abritons derrière une barrière immunitaire, des enveloppes, un habitat, une climatisation.

La grande affaire du vivant est de rendre les intrusions du monde extérieur non invasives en transformant les tensions en signes, en les retardant (la différance de Derrida), en les triant, les sélectionnant, les hiérarchisant. Les médias fonctionnent comme des pare-excitations : ils contiennent le réel extérieur.

Toute maison recèle une part inexpugnable d'obscurité ou d'intimité. Être un sujet, c'est avoir des secrets. La bulle informationnelle/immunitaire ne peut pas être transparente, c'est un écoumène imbriqué avec d'autres. Nous naissons et croissons par multiplication des bulles et cloisonnement des microsphères.