Derrida
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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, ses livres                     Derrida, ses livres
Sources (*) :              
Jacques Derrida - "Parages", Ed : Galilée, 2003,

Parages (Jacques Derrida, 1986 - nouvelle édition augmentée en 2003) [Parages]

   
   
   
                 
                       

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Table

Publié d'abord en 1986, ce texte a fait l'objet d'une nouvelle édition revue et augmentée en 2003.

p9 : Introduction.

p17 : Pas. [La première version de ce texte est parue dans la revue Gramma (Cahiers 3/4 Lire Blanchot, 1) en 1976].

p109 : Survivre. [La première version de ce texte est parue en 1979 en anglais dans un ouvrage intitulé Deconstruction and Criticism]. [Ce texte écrit en français mais destiné dès l'origine à être traduit est dédoublé. En haut, Survivre est presque intraduisible, et en bas, Journal de bord, écrit en style sténo-télégraphique, tend vers la plus grande traductibilité possible. Mais bien entendu cette division entre l'énigmatique et le transparent est elle-même brouillée].

p205 : Titre à préciser. [Conférence prononcée en 1979 et publiée une première fois en 1981].

p267 : "Maurice Blanchot est mort". [Conférence prononcée le 29 mars 2003, à rapprocher d'un autre texte lu lors de la cérémonie d'incinération de Blanchot, le 24 février 2003, et publié dans Chaque fois unique la fin du monde]. (Ce texte est une version modifiée d'un fragment (pp251-271) de la septième séance du séminaire 2002-2003 sur La bête et le souverain).

 

 

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Formulations à partir de ce texte (les têtes de chapitre sont entre crochets) :

 

Une marche est une alliance, le retour éternel d'un double pas : un simulacre de cercle sans cercle

Ce qui arrive chez Blanchot, c'est qu'il n'arrive pas au bout de son mouvement; avant d'aborder l'autre il tremble, il signe avec effroi son propre retrait, son pas vers l'autre est paralysé

Peut-être faut-il, pour répondre "Oui" au "Viens" de Blanchot, laisser se perdre son nom, appeler - comme une oeuvre ou un enfant perdu - un tout autre nom, un nom sans nom

Le don de Blanchot, c'est qu'il se donne au-delà de l'être, dans l'oubli de l'être - SAUF que cet oubli de l'oubli est aussi un poison qu'il lui faut vomir en criant son nom

D'une force excessive par rapport à elle-même, la pensée chez Blanchot ne pense pas "à-partir-de", mais reconduit au "venir-de-partir" , avant l'éloignement du proche

Dans les récits de Blanchot, un "Viens" plus ancien que le temps appelle depuis une crypte absolue; abordant l'impossible, l'imprésentable obscénité, il paralyse

Blanchot signe en cachant sa signature dans le sans-nom, le pas-de-nom, l'oubli du nom ou le retour d'un son : par exemple (o) dans eau, zéro, il faut, dehors, bord, mort

Qu'un "je" se cite soi-même, qu'il en fasse le récit, c'est ce qui, dans la vie comme dans la Genèse, donne lieu à l'alliance de l'affirmation avec elle-même : "oui, oui"

La fleur, symbole de vie, de mort et d'amour, est aussi paradigme de la Chose énigmatique, arbitraire, sans pourquoi ni sens propre ni propriété, où l'autre fait irruption

Dans tout texte ou oeuvre, une double invagination est toujours possible; elle est alors le récit, en déconstruction, de la déconstruction

La structure d'invagination d'une oeuvre exhibe la fragilité des artifices conventionnels (corpus, unité, achèvement, genre, auteur) qui assurent son identité

Le triomphe de la vie qui triomphe de la vie, c'est que la partie comprend le tout, dans un rapport qui ne se laisse pas arrêter

Pour faire droit au texte d'un autre, je dois assumer son défaut, faire apparaître mon retrait depuis son retrait

En tant que lieu du "droit" à la littérature, un récit met en oeuvre ce qu'il n'a "pas le droit" de raconter : la sur-vie, cet événement impossible

Dès avant le temps, un pas se dédouble et tourne sur lui-même avec une force excessive - sans vérité ni représentation, sans limite entre l'ascension et la chute infinies

Dans tout récit, il y va d'un "pas" qui rapproche et éloigne, ouvre à lui-même sa propre distance, ne se forme que pour se soustraire à la présence et l'identité

Structure du "pas" : il faut qu'il s'annule en se franchissant, s'altère en conservant son au-delà, que la marche et la négation se contaminent dans le mouvement de la langue

Tout récit porte en lui une structure d'invagination mettant en défaut les instances ou autorités qui exigent un auteur, un narrateur ou un "je" à l'identité assurée

Un récit répond à une demande de vérité : il faut raconter ce qui a eu lieu, une scène de sur-vision qui touche à l'aveuglement, à l'origine invisible de la visibilité

La sur-vérité de la sur-vie, c'est qu'il faut la raconter dans la langue de l'autre, que j'invente à chaque instant, pour dire sa cause

Chose par excellence, impossible, interdite, qui arrive sans arriver, la sur-vie n'aura jamais été présente : telle est sa sur-vérité, son hypertopie

Parler de l'"écrire" comme "survivre", c'est une apocalypse, et aussi un fantasme maniaque

D'où tire-t-on l'axiome : "Il faut continuer à vivre", "Il faut survivre"? De la structure itérative, inachevable, inarrêtable, du procès de nomination, traduction, écriture

On ne peut rien dire de l'opposition entre vie et mort, si "vivre" déborde cette opposition

Chaque fois que, sans aucun langage de surplomb, on dit "Viens", on donne le don, on répète l'alliance

Un "Viens" chaque fois unique, éternellement répété, se soustrait à l'ordre du langage, il s'affirme sans procéder d'aucune autorité, aucune loi, aucune hiérarchie

Suspendu à l'événement d'un "Viens", pas encore affecté ou déjà plus (Je m'---), le "Je" va vers ce qu'il appelle : un "Je mort"

Avant toute autre détermination et identification, un "Viens" sans pacte ni dette, depuis le sans-nom, appelle en secret la différence sexuelle en la neutralisant

"Viens" se dit au présent; le citer met à l'oeuvre un autre "Viens", un Qui dont le " faire" est irréductible aux verbes usuels : opérer, fonctionner, jouer, ordonner, appeler

La "vie plus que la vie", c'est prendre sur soi une force trop grande, incapable d'être ruinée par rien, acquiescer à cette Chose : l'"arrestance" d'un autre hymen

La victoire triomphale de la vie, cette chose terrible, c'est dire "oui, oui, oui" à vie-et-mort, ce "neutre" qui brouille la distinction du vivre et du mourir

X sans X : En écartant le même du rapport à soi, ce re-trait le soustrait à son identité et laisse la trace de ce qui a toujours été dissimulé, le tout autre

Blanchot ne cède pas à la théologie négative : il répond au rien par une parole adressée à l'inconnu, un "projet d'écrire"

Parages (Jacques Derrida, 1986 - nouvelle édition augmentée en 2003) [Parages]

 


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Sources
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2003_PARAGE

YYA.2003.Derrida.Jacques

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