Derrida
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Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
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Sources (*) :              
Jacques Derrida - "Ulysse gramophone, Deux mots pour Joyce", Ed : Galilée, 1987,

Ulysse gramophone, Deux mots pour Joyce (Jacques Derrida, 1987) [Ulysse]

   
   
   
                 
                       

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Table

p9 : Circonstances

 

DEUX MOTS POUR JOYCE - Transcription d'un discours improvisé le 15 novembre 1982 au Centre Georges Pompidou dans le cadre de la Revue Parlée. Ce discours a été enregistré, transcrit et d'abord publié en anglais sous le titre Post-Structuralist Joyce (Cambridge University Press) puis en français dans L'Herne 50 (1985).

p15 : I.

p19 : II.

p27 : III.

p35 : IV.

p43 : V.

 

ULYSSE GRAMOPHONE, ouï-dire de Joyce - Discours prononcé à l'ouverture du James Joyce International Symposium le 12 juin 1984 à Francfort. D'abord publié dans Genèse de Babel (Ed Claude Jacquet, CNRS, 1985). Le texte n'est pas daté du 12 juin, mais du 11 mai 1984, un jour où J.D. cherchait des cartes postales dans un hôtel de Tokyo.

p57 : I.

p73 : II.

p89 : III.

p103 : IV.

p113 : V.

p123 : VI.

p135 : VII.

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Ces deux textes, dit Jacques Derrida dans son introduction, ne peuvent être détachés des circonstances de leur énonciation. Il s'agit dans les deux cas d'une situation de parole : une voix qui résonne dans un certain présent et qu'on ne peut détacher de ce présent. Il n'a pas voulu en effacer les indices. Pourtant, sa voix enregistrée au magnétophone (gramophone) ne s'est pas auto-détruite ou consumée sur place. Elle est devenue une marque qui reste, qui s'adresse à l'autre, qui s'auto-affecte.

Jacques Derrida aborde la question du oui à partir des textes de James Joyce (Ulysse et Finnegans wake). Dans cette formidable machine d'écriture, tous les discours, toutes les langues, tous les savoirs se déploient, se combinent et se recombinent. Il y a de quoi faire travailler les commentateurs et les experts pendant des siècles. Mais encore faudrait-il que le déchiffrement soit possible. Or dès le départ, l'oeuvre ménage l'effraction qui la rend illisible. Aucune compétence ne peut en rendre compte. L'acquiescement qu'elle déclenche est ambigu. Elle laisse un reste immaîtrisable, un oui-rire.

Présentée dans plus d'une langue, babélienne et intraduisible, l'oeuvre de Joyce est marquée par la "gramophonisation" moderne. On y trouve des appels téléphoniques, des lettres sans réponse, des pseudo-monologues où l'on s'adresse à l'autre, dont le dernier, celui de Molly, se termine par un oui primaire, originel : YES. Dire oui, c'est s'engager auprès de l'autre, mais c'est aussi s'exposer à un autre oui qui peut ruiner le premier.

L'oeuvre invite à un effort de traduction infini, mais qui ne peut qu'échouer (car l'idiome du lecteur ne sera jamais celui du texte). Pourtant le lecteur est marqué, endetté, débordé, et aussi transformé, qu'il réussisse ou non à lire.

Son contenu essentiel, ce qui fait événement, c'est que l'oeuvre est inaudible, imprononçable, irrésumable. Son signataire appelle un "oui" plus vieux que le savoir. Il promet l'arrivée d'Elie, le prophète imprévisible, il signe et contresigne le nom de Dieu. Mais là aussi, il ruse. Le commencement qu'il déclare, il le déconstruit aussitôt. Avec la confusion babélienne, c'est la différance et l'espacement qui s'inscrivent.

 

 

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Formulations à partir de ce texte (les têtes de chapitre sont entre crochets) :

 

Un "oui" primaire, incompréhensible et ineffaçable, marque avant la langue et dans la langue qu'il y a de l'adresse à l'autre

Dans l'Ulysse de Joyce, ce qui fait rire est l'ouverture du cercle qui renvoie de soi à soi : le "oui" affirmé/appelé implique un autre "oui" au-delà du "oui", un "oui-rire"

La signature de Joyce invite les lecteurs et experts à acquiescer à la circoncision de l'oeuvre, à l'alliance du "oui-rire"

Il faut bien, au commencement, quelque coup de téléphone : "Allô, j'écoute, je suis là, présent, prêt à parler et à répondre" - comme dans le "Shema Israel"

En signant du nom du prophète Elie, Jacques Derrida rit tout bas de la signature, il contresigne par un "oui-rire" le fou rire de l'oeuvre joycienne

Ce qui fait oeuvre chez Joyce, c'est qu'il a signé et contresigné le nom de Dieu

Face à l'université moderne dont le projet terrifiant, intolérable, est d'archiver toute la culture, l'oeuvre implore un "oui" de l'autre, la nouveauté d'une contresignature

Avant tout dispositif portant ce nom dans la modernité, la tekhnè téléphonique est à l'oeuvre, inscrivant la distance, la différance et l'espacement au-dedans de la phonè et de la voix

L'oeuvre est un événement abandonné, une signature perdue qui ménage l'effraction nécessaire à la venue de l'autre

Une oeuvre fait oeuvre par un don qui vous change de part en part, tout en faisant oublier le donné, le donateur et même l'acte du don

En disant "Oui", je m'engage et je signe, je réponds à l'interpellation d'un autre en lequel je crois

Paradoxe du "oui" : il lance une machine de production et de reproduction dont il ruine le modèle

"Oui oui"; tout discours est entre deux "oui", celui qui s'adresse à l'autre pour lui demander de dire oui, et le oui d'un autre, déjà impliqué dans le premier "oui"

"Oui" est la condition transcendantale de tout performatif, de toute écriture, promesse, serment, engagement, qui en appelle au "oui" de l'autre et s'envoie, à soi-même, un "oui"

Le mot "oui" a toujours la forme, le sens et la fonction d'une réponse; cette réponse a parfois, peut-être, la portée d'un engagement originaire et inconditionnel

On a toujours le droit - mais on n'a jamais le droit - de prélever une proposition dans un texte

James Joyce tend à déployer/recombiner la totalité virtuelle des expériences et des cultures; mais cette tentative laisse un reste, un pathos supplémentaire : le rire

La signature requiert un "oui" plus vieux que le savoir, un oui qui, derrière chaque mot et même sans mot, confirme le gage d'une marque laissée

La traduction (deux fois une langue) ne peut qu'échouer, car elle efface l'étranger en soi (au moins deux langues)

L'université repose sur un concept de compétence capable de traduire sans reste un corpus objectif - un modèle que tout nouvel événement, s'il est intraduisible, vient ruiner

La confusion babélienne se joue entre la parole et l'écriture : la différence phonétique s'entend par la voix, mais la graphie ou la lettre passent l'entendement

Par ses mots écrits en plusieurs langues, James Joyce joue de la lettre inaudible comme du nom de Dieu : il déclare et déconstruit le commencement (Yahwé/he war)

Un mot "gramophoné" est à la fois graphème et phonème : comme le YES anglais dans EYES ou le OUI français dans OUÏ-DIRE

Le Joyce de "Finnegans Wake" est intraduisible; mais il appelle la traduction, comme l'interdit de l'image appelle l'image

Tous les réseaux de communication et de traduction, gramophoniques ou téléphoniques, attendent l'arrivée du prophète Elie : la promesse d'une voix extérieure

L'événement d'écriture de Joyce, c'est que la marque fait loi : son contenu essentiel est la lettre inaudible, imprononçable, intraduisible

L'oeuvre joycienne est une machine d'écriture dans laquelle le lecteur est d'avance inscrit; il ne peut la lire qu'à s'aventurer hors d'elle, à se projeter ailleurs à partir d'elle

James Joyce a tout fait pour que des experts travaillent pendant des siècles sur son nom; mais, comme le Dieu de Babel, il en a déconstruit par avance la légitimité

Babel, c'est à la fois le nom propre de l'unicité (une langue), et un nom commun semant la confusion (plus d'une langue)

Elie est double : on ne peut convier l'un - le grand opérateur des savoirs et des centraux téléphoniques - sans avoir l'autre - le prophète imprévisible

Il y a deux "r" dans le nom de Derrida, comme dans "rire", et deux "d", comme dans "dédoubler"

Ulysse gramophone, Deux mots pour Joyce (Jacques Derrida, 1987) [Ulysse]

 


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Sources
DerridaBiblio

1987_ULYSSE

YYA.1987.Derrida.Jacques

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