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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, ses livres                     Derrida, ses livres
Sources (*) :              
Jacques Derrida - "Signéponge", Ed : Seuil, 1988,

Signéponge (Jacques Derrida, 1988, première publication en 1984) [Signeponge]

   
   
   
                 
                       

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Table

Conférence prononcée en présence de Francis Ponge lors de la décade de Cerisy-la-Salle qui lui a été consacrée en 1975. Le texte est daté du 10 août 1975. La version définitive de 1988 modifie légèrement l'édition bilingue du texte intégral publiée en 1984 aux Etats-Unis (Columbia University Press). Treize années se sont donc écoulées entre la conférence et sa publication intégrale en français.

Des entretiens sur Ponge ont eu lieu en 1991 entre Gérard Farasse et Jacques Derrida. Ils ont été publiés en revue en 1992, puis à titre posthume en 2005, après quatorze ans, sous le titre Déplier Ponge.

 

Ce texte comprend trois parties intitulées :

I. - [il s'agit de la séance qui s'est tenue le matin du 10 août 1975]

II. - [séance de l'après-midi]

Après coup (Les Preuves).

-

[On compte deux temps d'arrêt : 1. celui du déjeûner, entre les deux séances, qui fut aussi celui de l'inscription, en lettres capitales, d'une légende par Jacques Derrida, celle du SIGNÉPONGE; et 2. L'après-coup, quand Jacques Derrida raconte l'anecdote selon laquelle, après avoir fini de dactylographier son texte, il s'est rendu compte que sur la bande publicitaire du livre intitulée BANDE A FAIRE SAUTER, la mention "signé : Ponge" était déjà inscrite (la marque qu'il n'avait pas vue), mais qu'elle disparaissait à la photocopieuse (re-marque : l'effacement)].

-

Jacques Derrida donne dans ce texte une lecture de l'oeuvre de Ponge. Il insiste pour dire qu'elle n'est pas la seule seule possible. Ce n'est ni une clef ni une explication générale. Quand Francis Ponge décrit une chose, quand il se met à son service, il passe avec elle un contrat. J'écris un texte, je le signe en mon nom propre, mais le texte tel qu'il en résultera, ce sera ta signature à toi, la chose. Chaque fois, il écrit un texte unique, irremplaçable. Ce texte, une fois fini et signé, une fois arrêté, devient une chose, la chose. Son texte est une opération, un acte, ce qu'on appelle une mise en abyme : en se désignant lui-même comme texte, il fait en sorte que la chose se désigne elle-même comme chose, et le résultat de l'opération, c'est que Ponge se désigne lui-même comme Ponge, c'est-à-dire comme une chose, une éponge. C'est ainsi qu'opère Ponge, et c'est ainsi que l'écriture fonctionne aujourd'hui. En me donnant à moi-même mon nom, je me tiens aussi proche de la vérité. J'en jouis. Mais cette vérité est tout autre. Elle me dicte ma loi (qui est la sienne), y compris et surtout là où j'affirme le plus ma singularité. En citant Ponge, Jacques Derrida se cite lui-même. Il développe sa théorie de l'auto-affection, de la marque/re-marque. Il institue, il monumentalise sa signature qui, comme celle de Ponge, se décompose dans le texte.

 

 

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Formulations à partir de ce texte (les têtes de chapitre sont entre crochets) :

 

[Signer un texte ou une oeuvre, c'est trancher proprement, l'arrêter, en faire une chose]

[Ponge contracte une alliance infiniment inégale avec la chose : en lui sacrifiant tout, il se l'approprie et signe en son nom propre - afin de faire de son texte la signature de la chose]

La chose qui fait loi est au plus proche, et aussi toute autre - en elle jouit la vérité, comme en la serviette-éponge de Ponge

Ecrire, aujourd'hui, c'est mettre en abyme sa signature pour qu'elle disparaisse

Pour Francis Ponge, la chose n'est pas seulement ce qu'on peut décrire ou connaître, c'est le tout-autre qui dicte sa loi et m'adresse une demande, à moi dans ma singularité

Francis Ponge, qui s'est engagé à ne rien écrire qu'il ne puisse signer, confond son texte avec sa signature : son oeuvre est un événement chaque fois unique, irremplaçable

En signant, je me donne à moi-même mon nom : c'est un vol par lequel je viole la sépulture où la signature est gardée

Pour que la chose s'affecte elle-même, il faut qu'elle se vive propre, non souillée, devant l'infection qui menace

Ponge obéit à une double injonction : 1/ (érection) instituer ou monumentaliser sa signature 2/ (détumescence) la laisser se décomposer dans le texte

La marque ne va jamais sans son redoublement : re-marque qui répète le premier mot, le signe et le nomme

L'opération propre de Ponge est la mise en abyme : son écriture se désigne et s'inscrit elle-même comme acte

Francis Ponge est une éponge, un subjectile équivoque, aussi indécidable qu'un hymen

Signéponge (Jacques Derrida, 1988, première publication en 1984) [Signeponge]

 


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Sources
DerridaBiblio

1988_SIGNEP

YYA.1988.Derrida.JacquesGenre = -