Lire Derrida, L'Œuvre à venir, suivre sur Facebook | Le cinéma en déconstruction, suivre sur Facebook |
TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Derrida, ses livres | Derrida, ses livres | ||||||||||||||||
Sources (*) : | Accueillir le non - légitime | Accueillir le non - légitime | |||||||||||||||
Jacques Derrida - "Du droit à la philosophie", Ed : Galilée, 1990, | Du droit à la philosophie (Jacques Derrida, 1990) [DDALP] |
||||||||||||||||
Pour l'acquérir, cliquez sur le livre
|
Table
|
p9 : Privilège. Titre justificatif et Remarques introductives (principaux arguments du séminaire tenu à partir de janvier 1974 à l'Ecole Normale Supérieure et au Collège International de Philosophie sous le titre "Du droit à la philosophie". Cette préface au livre est datée de juillet-août 1990).
I. Qui a peur de la philosophie? p111 : Où commence et comment finit un corps enseignant (paru d'abord en 1976 dans Politiques de la philosophie, Grasset). [Première séance du séminaire de l'année universitaire 1974-75]. p146 : Appendice : Avant-projet pour la constitution d'un groupe de recherches sur l'enseignement philosophique, proposé le 16 avril 1974. p155 : La crise de l'enseignement philosophique (conférence prononcée à Cotonou (Bénin) à l'ouverture d'un colloque international en décembre 1978) p181 : L'âge de Hegel (paru en 1977 dans Qui a peur de la philosophie? Gallimard) p229 : La philosophie et ses classes (paru dans Le Monde de l'éducation, n°4, mars 1975) p239 : Les corps divisés (paru dans la Nouvelle Critique en mai et juin 1975) p253 : Philosophie des Etats Généraux (prononcé à l'ouverture des Etats Généraux, publié dans Libération du 20 juin 1979)
II. Transfert ex cathedra : le langage et les institutions philosophiques p283 : S'il y a lieu de traduire. I. La philosophie dans sa langue nationale (vers une "licterature en françois") (première d'une série de quatre conférences prononcées en anglais à l'université de Toronto du 31 mai au 25 juin 1984) p311 : S'il y a lieu de traduire. II. Les romans de Descartes ou l'économie des mots p343 : Chaire vacante : censure, maîtrise, magistralité (paru dans Texte n°4, 1985) p371 : Théologie de la traduction (conférence de clôture du séminaire de l'Université de Toronto, le 25 juin 1984. Prononcée en anglais, elle a été publiée en premier dans Texte n°4, 1985).
III. Mochlos : l'oeil de l'université p397 : Mochlos - ou le conflit des facultés (conférence prononcée en anglais le 17 avril 1980 à l'université de Columbia après la remise d'un Doctorat Honoris Causa, paru dans Philosophie n°2, avril 1984) p439 : Ponctuations : le temps de la thèse (prononcé lors de la soutenance d'une thèse de doctorat d'Etat le 2 juin 1980 à la Sorbonne) p461 : Les pupilles de l'Université. Le principe de raison et l'idée de l'Université (leçon prononcée en anglais à l'université de Cornell en avril 1983) p499 : "Eloge de la philosophie" (entretien publié dans Libération du 21-22 novembre 1981) p511 : Les antinomies de la discipline philosophique (interventions lors d'un colloque qui s'est déroulé à l'université de Nanterre les 20 et 21 octobre 1984) p525 : Popularités. Du droit à la philosophie du droit (Avant-propos à "Les sauvages dans la Cité. Auto-émancipation du peuple et instruction des prolétaires au XIXème siècle", 1985, Ed Champ Vallon).
IV. Annexes p539 : "Qui a peur de la philosophie?" (1980) (table ronde organisée par la revue Esprit en février 1980) p551 : Titres (pour le Collège International de Philosophie) (1982) p577 : Coups d'envoi (pour le Collège International de Philosophie) (1982) (partie du rapport présenté le 30 septembre 1982 à M. Jean-Pierre Chevènement) p619 : Rapport de la Commission de Philosophie et d'Epistémologie (1990) (publié en mars 1989 pour le ministre de l'Education Nationale --- On trouve dans ce gros volume de plus de 660 pages la chronique de l'"engagement" de Jacques Derrida, de son "militantisme" dans une période d'une dizaine d'années, de 1974 à 1984, autour de l'université, de l'enseignement et de la philosophie. Revenant sur cette période de "lutte" dans le cadre du Groupe de recherches sur l'enseignement philosophique (Greph, créé en 1974) et pour la création du Collège international de philosophie (Ciph, créé en 1983), il a écrit en juillet-août 1990 une introduction intitulée Privilèges, plus théorique, plus conceptuelle et aussi plus radicale. Les motifs se déplacent, mais l'affirmation selon laquelle la déconstruction ne vise pas seulement le discours, mais aussi la transformation des institutions, reste intacte. Dans les textes ultérieurs sur l'université (DPPVC, LUSC), l'accent se déplacera insensiblement du conditionné à l'inconditionnel, sans renoncer à l'orientation initiale. Qu'est-ce que l'université? Qu'est-ce que la philosophie? Qu'est-ce que la raison? On ne peut s'engager sur le terrain du droit à la philosophie sans se poser au moins ces trois questions, métaphysiques par la forme, mais incontournables. On trouvera une présentation de la réponse derridienne dans les trois articles du vocabulaire idixien, université, philosophie, raison. Mais c'est ici l'articulation qui importe, dans le mouvement de la déconstruction. Depuis Kant, l'université repose sur le principe de raison. C'est ce principe ("Rien n'est sans raison et nul effet sans cause") qui justifie sa puissance et son autonomie, et c'est aussi ce principe qui justifie que la Faculté de philosophie devrait (toujours selon Kant) bénéficier d'un privilège : l'absence de censure, car on ne peut pas censurer la raison [ou il ne faut pas, dans l'intérêt des pouvoirs]. Mais depuis Kant, les choses ont changé. Les technosciences, qui transforment à la fois le savoir et le monde, tendent à devenir la seule raison d'être de l'université [elle aussi fondée sur la calculabilité, le principe de raison]. La recherche "fondamentale", ou désintéressée, est absorbée par la recherche finalisée. On parle de "crise" de la philosophie, mais cette "crise" ne se distingue pas de son projet. Si elle veut rester dans l'université, elle doit accepter un compromis. D'un côté, se prêter à l'évaluation, à l'habilitation de ses chercheurs, car ils se situent eux aussi dans la tradition des Lumières. D'un autre côté, refuser de se laisser déterminer par les technosciences, aller le plus loin possible dans l'interrogation sur l'essence de la raison - fût-ce dans un clin d'oeil, un battement de paupières. Il ne peut y avoir de philosophie sans responsabilité. On retrouve ce compromis permanent, cette attitude double, dans tout le rapport de Derrida à l'université, la philosophie, la raison. - D'une part, il n'y a ni institution (quelle qu'elle soit), ni raison sans censure. Même sans aucune interdiction explicite ni recours à la force, il suffit qu'une institution choisisse, justifie ses choix, instaure des délimitations, des schèmes, des définitions, pour qu'il y ait censure ou effet de censure, par des mécanismes indirects de plus en plus fréquents aujourd'hui bien que, dans le même mouvement, des contre-forces permettent à la chose interdite de se dire ou de se déchiffrer. - D'autre part, la philosophie ne se connaît d'elle-même aucune limite. Elle peut poser n'importe quelle question à propos d'elle-même ou de n'importe quel champ. En affirmant de l'inconditionnel, de l'intraitable, du non-négociable, elle déborde toute institution, ignore tout effet de censure, se retire des architectoniques qu'elle avait elle-même proposées, se pose comme hyperbolique et hypersymbolique. Nul ne peut se l'approprier. Affirmer la philosophie, c'est exiger, malgré les paradoxes liés au concept des Droits de l'homme, les difficultés d'accès aux langages spécialisés et l'incertitude du contenu, un droit à la philosophie, c'est rejeter toute soumission à l'Etat et aux forces du marché, même si une telle position de principe est contradictoire et complexe à mettre en oeuvre. La position derridienne à l'égard de la philosophie est toujours ambivalente. Le penseur de la déconstruction est à la fois : - celui qui, comme corps enseignant anonyme (qui efface la différence sexuelle), dit "Oui" à la philosophie, fait valoir son héritage, sa compétence, son savoir, sa langue, son autorité légitime en liaison avec les autres pouvoirs : l'Etat, les médias, l'édition, etc... Sous cet angle, il construit des concepts, donne des titres, se pose en maître qui dévoile une vérité, domine la scène et la hante. - et celui qui accorde la priorité au non-légitimé, dénonce le phallogocentrisme à la racine de la philosophie, refuse les cloisonnements et les compétences réservées, ne cesse d'analyser le lieu où il enseigne - qui n'est jamais neutre, s'oblige à en penser les antinomies. Sous cet angle, il ne peut occuper la place d'un maître de vérité. Il se retire, n'est nulle part, n'a pas d'horizon, doute à tout instant de son savoir, privilégie les frayages non légitimés, n'hésite pas à employer les mots abusivement en-dehors de leur sens accrédité. Sa tâche, sa responsabilité minimale, c'est de rendre aussi claire que possible la responsabilité qu'il engage. Cela ne peut se faire que dans son idiome, car s'il y avait une langue universelle de la philosophie, elle ne pourrait qu'ignorer la singularité de cet engagement. En définitive, Jacques Derrida n'est pas un militant, à peine un philosophe [malgré le savoir prodigieux qu'il est capable de déployer dans ce domaine]. La pensée traditionnelle étant incapable d'interpréter le monde d'aujourd'hui, il propose un dispositif stratégique ouvert, une pensée à la fois rigoureuse, fondée sur un ensemble de règles, performative, et aussi indéterminée, aventureuse, tournée vers un à-venir non défini à l'avance. Son modèle n'est pas la connaissance, mais la traduction, une traductibilité illimitée, générale. C'est pourquoi, dans l'unique circonstance où il s'est posé comme "programmateur" d'une institution, il a proposé comme thème principal des quatre premières années du Collège International de philosophie la destination.
---------------------------- Formulations à partir de ce texte (les têtes de chapitre sont entre crochets) :
|
|
||||||||||||||
|
|||||||||||||||||
Création
: Guilgal |
|
Idixa
|
|
||||||||||||
Sources DerridaBiblio 1990_DDALPA LegitimeOrloeuvreYB.LKK YYA.1990.Derrida.JacquesGenre = - |
|||||||||||||||