Il faut distinguer le pastiche de la parodie. La parodie est l'imitation d'un style particulier ou unique, dans un esprit satirique lié à la conviction qu'il existe une norme elle-même unique ou relativement unifiée dans une idéologie dominante. Avec la prolifération postmoderniste des codes et des jargons hétérogènes, il n'y a plus de grand projet collectif ni même de grands artistes à imiter. L'individualité du style s'efface et la parodie se trouve sans objet.

Le pastiche est une pratique neutre, sans les arrières-pensées de la parodie. C'est une sorte d'ironie blanche, vide, un éclectisme comme celui de Stravinsky. N'ayant plus de styles vivants à imiter, on imite des styles morts. Les producteurs culturels empruntent les masques et les voix emmagasinées qu'ils peuvent trouver, ils cannibalisent tous les styles du passé (comme en architecture), ils en font des simulacres dans un musée imaginaire. Leur démarche n'est pas sans humour, mais détachée de toute passion.

Il n'avait pas tout encore tout à fait son style, ou peut-être ne voulait-il pas en avoir. Il montrait un placard, un lavabo, quelques bananes, un verre de Coca et un Mondrian : le tout sur le même plan.