Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

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Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, le signe                     Derrida, le signe
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 5 avril 2008 Orlolivre : comment ne pas écrire?

[Derrida, le signe]

Orlolivre : comment ne pas écrire? Autres renvois :
   

Derrida, la linguistique, le langage

   

Derrida, signifiant : signifié

   
                 
                       

1. Signe et sens.

Le signe appartient à l'époque du logos. Inséparable de la métaphysique et aussi de la théologie, il valorise l'intelligible. Une de ses faces est toujours tournée vers le verbe ou vers Dieu (l'idéalité du sens, la proximité de la voix), tandis que l'autre est abaissée (le sensible, le signifiant). On peut refuser le concept et tenter de se passer du mot lui-même - mais on peut aussi tenter de penser avec ce mot, en l'interrogeant.

La tradition exige que le signe soit subordonné à la logique, à une essence du langage qu'il faudrait définir préalablement. Il faut déconstruire cette subordination, dit Derrida. Un signe qui ne serait soumis à aucune logique préalable jouerait à l'infini des systèmes de différences et de substitutions. Il n'aurait pas de lieu naturel, ne serait pas focalisé sur un sens, un signifié central, une origine fixe ou un point de présence rassurante.

Le logocentrisme tend à arrêter, par un signifié transcendantal, le mouvement de la signification qui renvoie indéfiniment de signe à signe. En construisant la scène du signifiant et du signifié, il exclut ce qui vient en plus (par exemple, dans l'art, les questions du parergon, du cadre et de la signature) ou ce qui reste du texte (le hors-livre). Il faut que le signe soit subordonné au logos, qu'il s'ordonne à une idéalité invisible, à l'autorité de la parole et du regard, qu'il exprime un sens. Il faut que, derrière lui, une personne, un visage, une institution, "fasse signe" vers la vérité.

 

2. Dérapages.

Mais déjà, chez Rousseau, le signe linguistique supplée à la nature, à la perception immédiate. Il est le vecteur, comme toute écriture, d'une rupture de l'horizon de sens. Dans son arbitraire, il est porteur d'une hétérogénéité absolue. C'est une sépulture, un monument, un tombeau, une pyramide. Certes l'âme y est maintenue vivante comme souffle, mais le signe n'opère que par l'absence du sujet, par-delà la mort.

 

3. Une époque se clôt.

L'époque du signe, qui est aussi celle du livre, ne finira peut-être jamais, mais sa clôture historique se dessine. Remettre en question le signifié transcendantal, c'est déconstruire, avec le signe, tout ce qui lie notre culture, c'est "faire signe" vers un autre texte. Dans ce moment de crise, le signe perd son unité. Son hétérogénéité constitutive se révèle (l'indication se sépare de l'expression). Les figures de la croyance craquent, la voix est destituée.

L'expérience d'une dérive indéfinie des signes ouvre, à travers les vieux signes qui opèrent toujours, des questions inouïes.

Contre la soumission du signe à la parole articulée, il y a eu des révoltes - par exemple celle d'Artaud, qui refuse l'impérialisme de la lettre et voudrait revenir à un signe qui ne serait pas séparé de la force.

 

 

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Propositions

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La rupture de l'horizon de sens qui vaut pour l'écriture vaut aussi pour tous les langages et tous les ordres de signes, et aussi pour toute expérience

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Le signe marque l'autorité théorique du regard

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Le logocentrisme est le désir irrépressible de mettre un terme au renvoi de signe à signe par un signifié transcendantal

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La différence signifié/signifiant appartient à l'époque du logos, celle de la proximité absolue de la voix, de l'être et de l'idéalité du sens

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Le mot "signe" a un double sens : "expression" ou "indice"; Husserl privilégie l'expression

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Le signe est la sépulture d'un souffle

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Le signe est porteur d'une hétérogénéité, d'une altérité absolue : le tout-autre

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Le corps du signe est un tombeau, une pyramide, un monument dans lequel l'âme est enfermée, gardée, maintenue en vie, présente, signifiée

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Pour Rousseau, le signe, comme l'écriture, est un supplément, une négativité, un mal qui supplée à la nature innocente et bonne

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Tout signe qui fonctionne malgré l'absence totale de sujet, par (delà) sa mort, peut être dit "écriture"

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L'idée du livre, qui renvoie à une totalité signifiée/signifiante, est profondément étrangère à l'énergie aphoristique et destructrice de l'écriture

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La tâche urgente, c'est d'inscrire une trace dans le texte tout en faisant signe vers un autre texte

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Le signe n'est soumis à aucune logique - contrairement à ce que croit la métaphysique, il n'est ni précédé ni justifié par le logos

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Le signifié central originaire n'a pas de lieu naturel, il est une fonction où se jouent à l'infini substitutions de signes et systèmes de différences

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Pour construire la scène du signifiant et du signifié, la logique du signe doit exclure le problème du cadre, de la signature et du parergon

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Le système du signifiant entretient un effet de cadre, une logique du quart exclu où se dérobe la restance du texte

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Penser la différance au-delà de la présence ouvre à l'expérience d'une dérive indéfinie des signes - errance et changement de scènes

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Artaud se révolte contre la différance, ce système de relais organiques qui dérive les forces vers le signe et la parole articulée

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Là où l'être se définit comme présence, le symbole fait signe vers la vérité; la forme se règle sur un concept de sens déterminé à partir d'un rapport à l'objet

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Le visage ne signifie pas, il s'exprime, il est derrière le signe, il se donne en personne, comme la parole vive ou la voix

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L'époque du signe, essentiellement théologique, ne finira peut-être jamais; mais sa clôture historique est dessinée

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Remettre en question le signifié transcendantal, c'est reconnaître que tout signifié est aussi en position de signifiant; c'est déconstruire, avec le signe, tout ce qui lie notre culture

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Chez Husserl, le temps de crise est toujours celui du signe, car la possibilité de l'écriture habite l'intimité de sa pensée

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Au-delà du deuil, une désidentification intempestive fait craquer les signes, les modèles et les figures de la croyance

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Au-delà du savoir absolu, une question inouïe s'ouvre et réclame des pensées à travers de vieux signes

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Dans le théâtre d'Artaud, une loi est remplacée par une autre : la voix qui commande aux signes est destituée pour celle qui commande au souffle

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