Dans son analyse du conte d'Edgar Poe, la Lettre volée, Lacan fait revenir la lettre en son lieu propre. Le sujet se constitue autour de ce manque. C'est un trou, mais un trou qui ne manque ni à l'homme, ni à la femme, car tous deux tournent autour : le signifiant revient toujours à sa vérité. La Reine a la garde de la loi phallique. Elle honore son contrat, qui est d'être le lieu dévoilé du manque de pénis. Si la vérité est femme, c'est en raison d'un contrat de la vérité avec elle-même dans le logos : après un trajet circulaire (stricture de l'anneau), la vérité trouve un abri entre ses jambes. La loi lui garantit un phallus dont elle serait privée sans cet échange.

Ainsi la femme est-elle soumise à une économie, soustraite à toute substitution afin de préserver la place du manque.

Mais pour Derrida ce manque, central dans la théorie lacanienne, n'est qu'un effet du phallogocentrisme. La femme n'a ni essence, ni vérité. En s'écartant d'elle-même, elle engloutit toute identité, toute propriété. Pour elle, la castration n'a pas lieu. Elle ne joue de ses effets que pour ouvrir le désir, usant de la séduction, du simulacre et du voile.