Tout langage, toute écriture, tout système de signe, y compris la parole, suppose, en principe, que l'émetteur (l'auteur, le scripteur) ait disparu. Ce qui reste de cette émission (la marque) est en rupture avec l'intention, l'horizon de sens de cet émetteur.

Le contexte initial a disparu. On n'en sait plus rien, il ne reste que la marque. Cette possibilité de répétition, en l'absence du sujet qui l'a produite, en l'absence de tout référent et même de signifié, est structurelle. La marque est itérable. cette itérabilité constitue son identité, qui n'est pas une identité à soi, mais une dissociation d'avec soi [car après la perte du référent et du signifié, la répétition ne se fait pas à l'identique, elle se produit dans un espacement]. C'est une loi : Tout graphème est la restance d'une marque coupée de son origine (ou de sa prétendue origine). Un autre peut la lire, la greffer dans d'autres chaînes. Nous n'expérimentons jamais la pure présence, mais seulement des marques différentielles.

Les yeux fixés sur le contexte d'origine, Eros tient fermement le crayon qui abandonnera sa marque.