Dans l'Ion, Platon appelle voix divine une voix d'"avant" le partage des voix. Elle est inaccessible, immaîtrisable [comme l'être heideggerien]. Selon Platon elle ne peut être énoncée qu'à travers un poème ou un oracle, par la bouche du rhapsode ou du devin qui l'articule en multiples voix humaines, singulières et compréhensibles. Quand l'être parle, il s'abandonne au partage. Cette voix est le logos - que Derrida qualifie de "logocentrique". Selon Jean-Luc Nancy, en s'exprimant, elle se décentre. Le sens n'est pas dans le logos, il ne préexiste pas aux voix multiples, c'est nous qui le sommes. Être, c'est être abandonné à ce partage. Nous nous l'annonçons les uns aux autres, en une longue chaîne poétique, magnétique et rhapsodique.

L'herméneutique est un don, qui s'annonce dans la différence des voix. La voix s'y partage entre des voix, des rôles, des scènes et des dialogues. Celle de chacun est singulière, qui dit la même annonce : celle de l'autre. Le don, c'est la singularité de ma voix, de la tienne et de notre dialogue. Dans cette partition, l'universel est interprété par une bouche. Il n'est pas de parole qui ne se communique hors cette altérité.

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Propositions

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