Derrida
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TABLE des MATIERES :

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Heidegger, l'humanisme                     Heidegger, l'humanisme
Sources (*) : Martin Heidegger               Martin Heidegger
Martin Heidegger - "Questions III et IV", Ed : Gallimard, 1966-76, p77 - Lettre sur l'humanisme

 

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Page créée le 4 septembre 2008.

Le Contemporain du Quai

[Heidegger, l'humain, l'humanisme]

Le Contemporain du Quai
   
   
   
                 
                       

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A une question posée en 1946 par Jean Beaufret, Comment redonner un sens au mot "Humanisme"?, Heidegger répond qu'il n'est peut-être pas souhaitable de conserver ce mot. Comme tous les mots en "isme", c'est une étiquette qui désigne une pensée sur le déclin : la métaphysique. Cette pensée, selon Heidegger, veut garder l'homme hors de son essence. Mais alors quelle est-elle, cette essence que lui, Heidegger, aurait pour tâche de restaurer, de rétablir? On trouve une réponse dans un autre texte, L'Introduction à la métaphysique. Pour les Grecs, l'homme serait celui qui rejetterait hors de la quiétude. Il serait à la fois le plus porté à faire violence et "le plus inquiétant parmi l'inquiétant" (unheimlich), le plus angoissant. Si l'on retient cette thèse plutôt que d'autres, on peut lire autrement l'affirmation heideggerienne selon laquelle l'homme est le berger de l'Être. L'homme habite dans le langage, mais ce n'est pas seulement sur le mode banal de l'étant (le discours, l'action, la cause, l'effet). Sans en décider, il ek-siste hors de la sécurité familière, il se fait étranger, menaçant, porté à la violence à l'égard de soi-même et des autres. Mais ce caractère d'"unheimlichkeit" n'efface pas le propre de l'homme. Au contraire, plus l'homme est inquiétant, plus il est homme.

D'un côté, pour Heidegger, l'humanisme classique est inséparable de la métaphysique. Mais d'un autre côté, on ne peut interroger l'être sans s'adresser à cet étant exemplaire qu'il appelle Dasein, c'est-à-dire l'homme, l'humain, en tant qu'il comprend spontanément le mot "être", qu'il peut le laisser venir dans sa non-occultation (en grec aletheia, ou vérité). Ce n'est pas à partir de la question "Quoi" (substance ou système de causalités) qu'il faut interroger l'être, mais à partir de la question "Qui", telle qu'elle se pose à l'homme.

La difficulté (quasi insurmontable), c'est que l'homme en tant que tel ne se rencontre nulle part. Ce qui lui est en propre ne se situe pas dans la chaîne des causes et des effets. Là où il est le plus originel, le plus essentiel, le plus proche de l'Être, c'est là où il est jeté : dans une déchéance, un combat entre éclaircie et réserve où l'ouverture se conquiert tout en se dérobant (c'est la fonction de l'oeuvre d'art). Son essence, qui est en même temps son existence, est le dévoilement de l'être, mais ce dévoilement ne pourrait arriver qu'à partir d'un autre humanisme, plus ancien que le plus ancien auquel on pourrait accéder aujourd'hui.

Pour Heidegger, la relation éthique n'existe pas. Elle est surbordonnée à une relation impersonnelle avec l'être en général. Selon Lévinas, cette philosophie anonyme qui neutralise l'étant, réduit l'autre au même, subordonne la justice au savoir, ne pouvait que conduire à la tyrannie.

 

 

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Propositions

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L'humanisme consiste en ceci : réfléchir et veiller à ce que l'homme soit humain et non inhumain, c'est-à-dire hors de son essence

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Il faut rendre au mot "humanisme" un sens plus ancien que le plus ancien dont on puisse faire état chronologiquement

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L'homme ne se rencontre plus lui-même en vérité nulle part, c'est-à-dire qu'il ne rencontre plus nulle part son être

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L'essence de l'homme repose dans son ek-sistence

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Pour les Grecs, l'homme est celui qui rejette hors de la quiétude : il est le plus inquiétant (unheimlich) parmi l'inquiétant, le plus angoissant, le plus porté à faire violence

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Selon Heidegger, la définition grecque la plus authentique de l'homme, c'est : "L'homme est le plus souverainement "unheimlich" parmi les étants"

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L'Être est Ce qu'Il est, et l'homme en est le berger

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L'essence de l'homme consiste en ce que, dans la situation d'être-jeté, il est plus que l'homme seul : plus originel, plus essentiel, plus proche de l'Être

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Avec Heidegger, la question sur l'homme se transforme, elle n'est plus "Quoi est l'homme?", mais "Qui est l'homme?" - un "Qui" avant tout "Je", individu ou communauté

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Selon Heidegger, l'essence de l'homme (ou Dasein), qui est en même temps son existence, est le dévoilement de l'être

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Pour Heidegger, l'homme (ou Dasein) est l'étant exemplaire dont la pensée est inséparable de la vérité de l'être

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La métaphysique humaniste ne se demande jamais "en quelle manière l'essence de l'homme appartient à la vérité de l'être"

 


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