Les autres sont d'abord et toujours corps. Ils me sont objectés, du dehors. Moi-même, en tant que je (Ego), je m'ignore comme corps, je m'ignorerai toujours comme corps là où j'ai la certitude de moi-même (le Je suis de Descartes). Mais l'autre est un corps, avec ce nez, ce teint de peau, cette voix. C'est en cela que l'altérité consiste : il est tel qu'il est, tel qu'il s'expose.

Qu'il me plaise ou me déplaise, qu'il m'excite ou me révulse, le corps de l'autre me touche. C'est ainsi qu'il vient. Ses traits s'identifient à lui, mais il est inidentifiable.

Le monde où j'existe n'est pas le monde des autres, c'est le monde des corps. Chaque corps est sans mesure, infini à parcourir.