La pulsion d'attachement (distincte de la pulsion orale repérée par Freud) est la tendance des mammifères à se tenir à proximité d'un individu particulier ou d'un groupe. Le bébé s'accroche au sein, aux mains, au corps et aux vêtements de la mère pour éviter ce qui serait pour lui une catastrophe : le décramponnement. Le Moi-Peau s'étaye sur cette pulsion, et aussi sur les fonctions de la peau : un sac qui contient le bon et le plein, une interface qui marque la limite avec le dehors, une barrière qui protège de la pénétration et des agressions, un lieu de communication avec autrui, une surface d'inscription, une capacité à filtrer les échanges, etc....

L'instauration du Moi-peau répond au besoin d'une enveloppe narcissique. Il assure à l'appareil psychique la certitude et la constance d'un bien-être de base, au moment où le Moi psychique résultant des identifications avec les objets se différencie du Moi corporel tout en restant confondu avec lui sur le plan opératif. Cette instauration contribue à passer :

- du narcissisme primaire au narcissisme secondaire,

- du masochisme primaire au masochisme secondaire.

Des fantasmes témoignent de ce passage :

- celui du "corps écorché" (peau arrachée et blessée), qui sous-tend la conduite du masochiste pervers (exemple : le mythe de Marsyas),

- celui d'une peau renforcée et invulnérable, un bouclier recouvrant une peau primaire (exemple : l'égide de Zeus).