Axiome de Husserl : Ce que j'ai à dire est déjà constitué avant que je le dise. C'est le vouloir-dire : je veux dire une chose qui est déjà là, dans mon intériorité. L'acte de profération ne change rien à son sens ni au contenu que l'expression actualise. Ainsi fonctionne l'intentionnalité husserlienne : le discours puise son sens dans une logique préétablie. Il répète et reproduit à l'extérieur un contenu qui, déjà, en son point-source, lui était propre.
Si je dis : "Ceci est blanc", énoncé à l'indicatif présent, n'importe qui peut comprendre la phrase quelles que soient les circonstances. Ce qu'elle "veut dire" est déjà dans le logos. L'autre l'entend en lui-même, comme je l'entends en moi. Tout ce qui peut être visé, tout ce qui est susceptible d'être explicité, est supposé pré-exister dans une généralité conceptuelle - même si Husserl reconnaît lui-même qu'en pratique, dans les énoncés particuliers, subsiste toujours un reste non formalisable.
Règle universelle : le vouloir-dire est un acte d'expression qui s'efface devant le passage du sens. Exprimer, c'est redoubler un sens, c'est l'imprimer comme inscription lisible, saisissable, c'est révéler un ordre verbal, celui du verbe être.
La voix phénoménologique n'est pas faite de mots, mais d'une chair transcendantale, qui continue de parler, d'être présente à soi, dans le présent vivant de son existence, même en l'absence du monde. C'est une spiritualité, une conscience, une âme solitaire, pure et inentamée, dont la substance n'est pas celle du signifiant, mais celle de la phonè. Cette parole est vivante, ne peut qu'être vivante. Pour elle, l'acte de vivre est irréductible.
Husserl présuppose que le signe transporte un sens. Il privilégie sa valeur expressive. L'expression est la source et le garant de toute valeur; c'est pour lui une évidence intuitive, qui le conduit à négliger tout ce qui est de l'ordre de l'indice ou de la texture du texte, tout ce qui déplace le sens, c'est-à-dire l'essentiel du langage et de l'écriture.
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