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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Derrida, Artaud | Derrida, Artaud | ||||||||||||||||
Sources (*) : | Derrida, l'art, l'oeuvre | Derrida, l'art, l'oeuvre | |||||||||||||||
Jacques Derrida - "Forcener le subjectile", Ed : Gallimard, 1986, p65 Pictogrammes (Gregoire Fannis, 2012) - |
Le "faire uvre" ambigu d'Antonin Artaud | On peut nommer "pictogramme" ce qui s'entend à traverser les limites : entre peinture et dessin, dessin et verbe, espace et temps, les arts spatiaux et les autres, etc. |
Le "faire uvre" ambigu d'Antonin Artaud | ||||||||||||||
La voix d'Artaud ébranle l'art | La voix d'Artaud ébranle l'art | ||||||||||||||||
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Dans sa définition derridéenne, le pictogramme est le concept d'un oeuvre qui "ne tolère la paroi d'aucun partage", entre arts, genres, supports et substances. Il ne s'agit pas seulement d'une combinaison de peinture et d'écrit, comme le font certains peintres, mais d'un dessin-écrit, événement singulier d'archi-écriture, opération scripturaire et picturale qui traverse le subjectile, le perfore en-deça des pratiques artistiques usuelles et aussi au-delà des mots et des images. Dans ses dessins écrits, Artaud joue sur le rythme, le timbre et l'intonation. Des phrases se précipitent et emportent les limites. Les frontières entre les arts sont abolies. Aucun corps n'est séparable. Les éléments signifiants (mots, propositions, représentations) sont déstabilisés. Une langue folle se laisse entendre par des mots hors-sens, des glossolalies. Un travail oblique du trait se fraie un passage entre les genres. ------- DÉFINITION DU TLF : PICTOGRAMME, subst. masc. - LING. [Dans la préécriture] Dessin figuratif plus ou moins réaliste ou stylisé, utilisé à des fins de communication mais sans référence au langage parlé : "Il est évident que le langage se borna d'abord aux images; ce n'est que progressivement qu'il apprit à effectuer le dépouillement requis par la généralité abstraite. De même quand apparut l'écriture, la différenciation fut lente: d'abord simple figure, qui se distinguait malaisément de l'art, elle s'en sépara à mesure qu'elle accomplissait son effort de dépouillement pour ne plus être qu'un signe abstrait. Nous avons déjà décrit cette marche: elle mène du pictogramme, de l'idéogramme et de l'hiéroglyphe à l'écriture syllabique, puis alphabétique." HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p.240. - P. anal. Dessin schématique à valeur symbolique utilisé comme signal à l'intérieur d'un code. "Cinq nouveaux panneaux viennent de surgir dans le paysage des automobilistes: le langage des pictogrammes s'est enrichi de cinq mots. La fourchette signale un restaurant, le lit: un hôtel, etc. Ce sont des symboles sans mystère" (L'Express, 6 déc. 1967 ds GILB. 1971). "De nos jours, les graphistes ont repris à leur compte le terme de pictogramme, en le dévoyant quelque peu de son sens, pour l'appliquer à leurs dessins relatifs à la signalisation des chemins de fer, des aéroports, des jeux Olympiques, etc." (Impr. 1977). Prononc.: []. Étymol. et Hist. 1924 (Lang. Monde, p.129). Comp. d'apr. pictographie* par substitution de l'élém. formant -gramme* à -graphie, peut-être d'apr. l'angl. pictogram (1910 ds NED Suppl.2, synon. de pictograph). |
"Je proposerai de détourner un peu le mot de pictogramme pour désigner cet œuvre dans lequel la peinture - la couleur, fût-elle noire -, le dessin et l'écriture ne tolèrent la paroi d'aucun partage, ni celui des arts ni celui des genres, ni celui des supports ou des substances" (p65). "Même si on y reconnaît des agencements de mots, les phrases encartées surgissent comme des motifs inducteurs, des trajets sonores et graphiques et non seulement comme des propositions. Une fois lancées, elles déstabilisent la proposition, c'est-à-dire un certain rapport historique entre le sujet, l'objet et le subjectile. Un rapport de représentation. Pictogramme désignera désormais cette déstabilisation faite œuvre" (p66). "Si la pictographie s'entend, et comme la musique, en tant que musique, c'est d'abord par une certaine force de pénétration. De même que le son pénètre l'oreille et l'esprit, de même l'acte pictograpique frappe et bombarde, perfore, percute et fait entrer, il traverse. Et la partie adverse, contre laquelle se précipite une telle force, c'est le subjectile. Dès lors la pictographie devient, comme cette musique, l'art majeur, celui sur lequel tout théâtre devrait se régler" (p69).
Cet usage du mot "pictogramme" est à situer dans le vaste projet de la grammatologie initié par Jacques Derrida 20 ans plus tôt. Comme son nom l'indique, le pictogramme est un gramme : cet élément irréductible, antérieur à tout système, qui opère dans le mouvement de la différance, et qui précède l'écriture. En ajoutant au mot "pictogramme" une signification supplémentaire, Derrida fait passer le mot "oeuvre" du féminin au masculin, comme s'il fallait lui donner une qualité particulière par rapport à une oeuvre (féminin) : "Je proposerai de détourner un peu le mot de pictogramme pour désigner cet oeuvre dans lequel la peinture...". Et plus loin : "De tout cet oeuvre pictographique on ne peut parler que par encartement et précipitation..." Certes, ce qu'il commente d'Artaud a quelque chose d'un grand oeuvre alchimique avec sa force magique, ses sorts jetés ou exorcisés, ses vertus incantatoires ou conjuratoires. Mais la violence aux mots [comme un jour Lacan est passé de la symbolique (féminin) au symbolique (l'ordre symbolique, masculin), ou Baudelaire, à l'inverse, est passé d'un mode à une mode - celle de la modernité], l'inversion brutale du genre, est aussi l'indice d'un changement de paradigme. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida DerridaArtaud FD.LED DerridaArtIP.LIP ArtaudOeuvreCP.LDD ArtaudVoixEK.LOI UPictogramme Rang = NGenre = DET - DET |
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