Solitaire, indépendant, inclassable, irréductible, à l'écart des avant-gardes, des théories et des médias, moderne sans doute quoique de façon indéfinissable et sans jamais jouer le jeu du siècle, presque jamais associé aux débats de l'époque, considéré comme un grand écrivain, commentateur de ses propres dessins qui refuse le format "tableau" et se limite volontairement à l'aquarelle et aux encres de Chine, ni figuratif ni abstrait, Michaux est peut-être d'abord et surtout l'explorateur des mondes qu'il invente. Il explore, découvre et redécouvre le signe et la figure qui déjà le hantaient, mais qui n'émergent que dans le mouvement du crayon ou du pinceau.

Pour qualifier sa peinture, il parle de "fantomisme" ou de "psychologisme". La matière doit être liquide, mouvante, fluide, cinématographique - comme il dit. Il faut que les formes se désintègrent, que l'écriture graphique se dissolve, que les contours se diluent, à l'extrême limite de l'indiscernable. De cette hantise fantomale à l'hallucination mescaline, de la rage impétueuse à l'exorcisme, il n'y a qu'un pas (franchi en 1954). L'expérience de la drogue lui fera perdre ses anciennes références visuelles et l'introduira à une vibration d'un type nouveau : sillons, enveloppes, flottements, flux cristallin, vide, frissons, tumulte, navigation, ruissellement, chevauchements, tout cela conduit à des dessins et peintures fourmillants, ardents, saccadés, éclatés, enchevêtrés, une technique qu'il continuera à explorer, même après avoir renoncé aux hallucinogènes.

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Propositions

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