Plus d'un siècle a passé depuis que Baudelaire a appelé à quitter le monde trop étroit de la mémoire et à voyager vers le Nouveau. La force de l'injonction n'a pas diminué. Respectant le slogan Pour un nouvel art, Pour une nouvelle réalité, on a sauté d'avant-garde en avant-garde, on a voulu faire table rase en exhumant d'anciennes traditions, des démons africains aux Muses grecques, des fables du Zen et du hassidisme à la philosophie. On a disloqué le temps et la géographie. En créant, on a voulu se créer soi-même, sans craindre les métamorphoses, le ridicule, le morbide ou la fable idyllique. Le Nouveau est devenu synonyme de l'art moderne. Ce n'est ni un objet, ni un style, ni même une intention : c'est ce qu'une caste déclare comme Nouveau (p36). Les designers, architectes, décorateurs, critiques d'art, organisateurs d'expositions désignent les objets qui incarnent cette valeur complètement fluide. Pour être Nouvelle, il suffit qu'elle soit nouvelle pour quelqu'un. Ce caractère ne dépend pas de l'analyse, mais du pouvoir social et de la pédagogie. Il peut s'appliquer à n'importe quelle oeuvre, de la plus abstraite à la plus kitsch.

La réaction était inévitable. Les détracteurs ont soutenu que l'homme nouveau avait perdu son héritage, que la modernité baudelairienne n'était que le masque du vide.

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Propositions

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