Fra Angelico a passé son noviciat de dominicain dans ce couvent vers 1420-1425. Les frères vouaient une dévotion particulière à la Vierge. Lors de la fête de l'Annonciation (25 mars), qui était aussi le début de l'année nouvelle, ils louaient Marie, source de leur rédemption, par la prière qui commence par Salut (AVE) : Ave Maria Gratia Plene ..., inscrit sur le cadre du retable, à gauche, sous Adam et Eve. Saint Thomas d'Aquin fait de la Vierge l'antithèse d'Eve (EVA). Marie obéit, tandis qu'Eve désobéit. Par la Vierge le Verbe se fait chair, tandis qu'Eve est dans le péché. On voit, à la gauche du tableau, Eve quitter le jardin d'Eden avec Adam, dans une position qui ressemble à celle de Masaccio.

Les fines colonnes de la loggia divisent la composition en tiers égaux, dont la régularité est inspirée par l'architecture de Brunelleschi. L'arcature a la forme de la lettre M, le M de Maria. A gauche, l'espace ouvert surplombé par les mains de Dieu cernées d'un limbe lumineux. Au centre et à droite, la lumière pénètre dans cette loggia fermée qu'est la Vierge. L'ange est agenouillé, silencieux, ailes déployées. Chaque plume est dorée et gravée pour réfléchir la lumière. Marie est assise en position d'humilité, le livre prophétique sur les genoux, la lumière divine inondant son visage.

Dans ce retable, Fra Angelico reprend les thèmes essentiels de la tradition, qu'il modifiera quelques années plus tard dans l'Annonciation de Cortone.

Dans la zone occupée par l'ange, le sol marbré, bleu-jaune, répond à la voûte céleste constellée d'étoiles - d'un bleu profond - et aussi au ciel réel, à gauche, outremer, barré d'un grand rai de lumière. Vers la droite le sol est plus rouge, plus proche des couleurs de la robe de la Vierge. Sur son corps, lieu mystérieux de l'Incarnation, se réunissent le jaune, le rouge et le bleu.