Au moment où de nouvelles espèces sont chaque jour menacées de disparition - y compris le genre humain, nous commençons à déchiffrer la bibliothèque des gènes. De même que nos ancêtres ont inventé la lignée pour maîtriser la mort individuelle, nous pouvons répondre à la disparition des espèces par la fabrication de nouvelles combinaisons génétiques, voire par la reconstitution d'espèces disparues.

Les OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) succèdent aux OPM (Organismes Phénotypiquement Modifiés). A la domestication par sélections et variations, qui comporte une part de hasard, succède un espoir de maîtrise des gènes eux-mêmes. A l'intervention sur les phénotypes (élevage et agriculture) succède la manipulation du génome. Nous pouvons produire le vivant d'un coup de maître alors que nos ancêtres l'attendaient avec patience d'un coup de dé. C'est une rupture temporelle sans précédent. L'évolution se jette dans l'histoire.

En quelques décennies, l'homme peut éliminer volontairement des espèces entières. C'est ce qu'il a fait avec le virus de la variole. Avec le génie génétique, il pourra aussi en fabriquer - dans un délai équivalent, à l'échelle de l'histoire et non pas de l'évolution.