Michael Fried - "Contre la théatralité - Du minimalisme à la photographie contemporaine", Ed : Gallimard, 2007, p47 -
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L'indicible se fait couleur |
[La peinture de Morris Louis en appelle à l'expérience absolue de l'oeuvre picturale : une présenteté atemporelle, l'innocence d'un "mot" unique, nouveau et indicible] |
L'indicible se fait couleur |
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Il est difficile de trouver une relation directe entre la personnalité de Morris Louis et sa peinture. Ses oeuvres donnent l'impression de naitre d'elles-mêmes. On ne peut pas les considérer comme des objets sur lesquels sont présentés des formes. Ce sont plutôt des pages vierges sur lesquelles la peinture se déploie presque spontanément, dans une création de type musical. Elles en appellent à une illumination, une vision absolue, sans concession à l'ornementation ni au divertissement. Si elles s'imposent, c'est par leur force de conviction, par leur substance spécifique dont l'origine et la nature nous sont inconnus, ou par les possibilités inimaginables qu'elles ouvrent à l'avenir de la peinture.
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Propositions
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- Dans l'oeuvre de Morris Louis, la série des Aleph est unique car elle seule se déploie à partir du centre
- Donnant la primauté à la toile nue, Morris Louis la fait enfler sous l'effet d'un vent dont l'origine et la nature nous demeurent inconnus
- Dans la peinture de Morris Louis plus que dans toute autre forme de peinture antérieure, on a l'impression que l'oeuvre naît d'elle-même, sans intervention de l'artiste
- Chez Morris Louis, les filets de couleur inscrivent sur la page vierge une marque antérieure à tout acte d'inscription, à toute tâche du dessinateur
- Morris Louis a voulu explorer une nouvelle dimension de la substance : un élément visuel et continu, qui ne produit ni espace, ni objet tangible
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