Le tableau est supporté par un médium (la toile) qui, en tant que tel, a une forme et aussi une silhouette (la forme littérale). Pour que les éléments du tableaux (la forme dépeinte) soient convaincants, il faut qu'ils s'imposent, qu'ils semblent viables par rapport au support. Avec Noland, Olitski, Stella, la forme devient un véritable objet de conviction. Si le tableau ne peut plus convaincre par l'illusion qu'il soutient, il doit convaincre par la forme. Dans un premier temps, des peintres comme Pollock, Newman ou Morris Louis ont pris acte de la planéité du tableau. Le trompe-l'oeil était remplacé par l'illusion optique. Puis l'attention a porté sur la matérialité (pigments, substances, textures). On a découvert que la forme du support pouvait influer sur la sensation procurée.

Dans les tableaux à chevrons de Noland, un même foyer de symétrie relie forme dépeinte et forme littérale. En prenant acte de la forme du support, les tableaux libèrent les possibilités de la couleur. Noland ne fait pas apparaître la forme en tant que telle. Il la met au service d'une autre illusion visuelle, celle de la couleur.

Cette forme dépeinte (un carré) est inscrite dans un autre carré (le support), qui ne se voit pas parce qu'il est blanc.