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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Derrida, la promesse | Derrida, la promesse | ||||||||||||||||
Sources (*) : | La pensée derridienne : ce qui s'en restitue | La pensée derridienne : ce qui s'en restitue | |||||||||||||||
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 5 juillet 2009 | Derrida annonce l'oeuvre à venir | [Derrida, la promesse] |
Derrida annonce l'oeuvre à venir | Autres renvois : | |||||||||||||
Derrida, l'à-venir |
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Derrida, eschatologie, messianique |
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Orlolivre : comment ne pas se projeter? | Orlolivre : comment ne pas se projeter? | ||||||||||||||||
1. Archi-promesse. Tout texte - et tout langage - est mis en mouvement en un lieu plus "vieux" que la parole, où s'énonce la possibilité du politique, de l'éthique, du juridique ou de l'historique. En ce lieu où un témoin ou un Dieu est invoqué ou convoqué, une promesse de présence ou de vérité est à l'œuvre. Il faut promettre, il faut cette archi-promesse. Elle n'invite à rien qu'on puisse réaliser au présent, mais il faut la renouveler comme performance, il faut l'enregistrer comme archive, réserve de pensée ou de mémoire. Avant même d'avoir été énoncée, elle est déjà là, elle exige une réponse ou la promesse d'une réponse, une mise en parole, en mots, en textes, en oeuvres. La promesse tient à la structure du déjà-pas-encore, qui est opérante dans toute tradition métaphysique. De l'événement singulier déjà passé, effacé (une origine, un trauma, une nomination), il ne reste qu'une trace inaccessible, perdue, qui entretient l'attente d'une vérité encore voilée, supposée déjà connue mais cachée, dissimulée, pas encore révélée. Articulée sur cette attente, la promesse vient en plus, en trop. On promet toujours trop, et ce "trop" est l'essence de la promesse, il est ce qui la rend déroutante, perturbante. C'est un piège, une perversion incroyable qui peut détraquer le langage. Elle est impossible, mais indestructible; bienveillante, mais intenable. Pour rester une promesse, il faut qu'elle ouvre un futur non saturable, indéterminable, c'est-à-dire plus d'un futur, un futur qui nous déborde d'avance, un futur, pour nous, absolument autre.
2. Promesse de rien, promesse de langue. Toute promesse garde un secret inaccessible au savoir, à l'autorité (secret de la séparation, du silence, de l'hétérogène, du privé, des frayages invisibles, etc.). Cet à-venir qu'elle annonce, dont elle a déjà hérité, est aussi une promesse démiurgique de survie qui ne propose, ni n'assure, ni ne garantit rien. Ce qui est destiné à être, que la promesse ne fait qu'affirmer, n'a même pas de nom adéquat. Il faut parier, miser, sans horizon, sans calcul, sans rien connaître des conditions de réalisation. Comment peut-on s'engager dans de telles conditions? Comment être sûr que la promesse ne va pas se retourner en menace, que l'attente ne se transformera pas en mirage, que la langue ne se démembrera pas? on n'ignore pas cette incertitude et pourtant on s'engage, on se charge d'une responsabilité qu'aucune communauté, aucun rassemblement, aucune intersubjectivité, aucun consensus, ne permet de border. Que je le veuille ou non, chaque fois que je parle, je promets une langue inouïe elle-même porteuse d'une promesse. Cette promesse est messianique en tant qu'elle est dépouillée de tout. Traduite en plusieurs langues ou plusieurs oeuvres, elle a été donnée par l'autre qui l'a précédée, un autre derridien qui n'est pas l'autre infini de Lévinas mais un autre mortel, fini, à l'abandon, privé de tout horizon. Le miracle de l'oeuvre n'est jamais garanti. Toute oeuvre est une traduction en une autre langue qui peut échouer, se transformer en discours illisible, ou au contraire trop lisible. Souvent, la promesse d'une langue à venir se présente comme désir de restauration d'une langue originaire. C'est ainsi qu'on invente des premières langues ou avant-premières langues qui n'ont jamais existé, qui ne sont que des appels à la promesse d'une langue à venir.
3. Promesses d'œuvres. Dans l'œuvrance, il s'agit de mettre en oeuvre la promesse sans l'éluder, sans l'aplanir, sans la transformer en programme, sans déterminer ni même anticiper les conséquences possibles ou impossibles de son renouvellement. La promesse exige de l'oeuvre qu'elle se réitère. Elle doit être en même temps finie dans son principe - car à promettre indéfiniment, on ne promet pas; et infinie, incalculable, inconcevable. En s'endettant auprès d'un autre, elle destitue le présent, elle le désoeuvre. Le sujet voué à l'inaction, à la retraite, laisse un testament. Il faut, pour promettre une vérité, déconstruire sa valeur présente. De même qu'un poème promet la fondation d'une poétique, une oeuvre témoigne d'une oeuvrance qui la déborde. C'est la loi de disjonction (ou d'aporie) du texte : impossible de se rassembler dans la présence. A tout instant, il faut que la promesse soit prise dans l'ouverture ou le battement de la porte étroite de l'avenir, telle que Walter Benjamin l'a décrite dans son Appendice de "Sur le concept d'histoire". Cela implique, selon Derrida, indétermination, secret. Cette prise n'est pas spontanée. Elle exige une organisation, une structure, un travail. On ne peut pas jouir directement d'une promesse, mais on ne peut pas non plus jouir d'autre chose que d'une promesse.
4. Promesses politiques, messianiques. Selon Nietzsche, l'homme est l'animal à promesse. Cette formule, qui ne dit rien sur l'être de l'homme, laisse indéterminé le contenu des promesses. Nous nous promettons... quoi ? Il aura laissé indéfinie ce qu'il nommait l'inversion des valeurs. La promesse, chez lui, reste intempestive. Pour qu'une promesse reste une promesse, pour qu'elle ne vire pas à la malédiction, il faut que ce soit du bien - mais lequel ? et qu'est-ce qui est bien ? On l'ignore a priori. En tant que telle c'est-à-dire en tant que structure formelle, la promesse est indéconstructible. C'est une profession de foi qui affirme le désir d'émancipation sans décider du résultat : un autre concept du politique, de nouvelles Humanités, un autre droit international, etc. Cette promesse n'est pas neutre, elle est l'héritière d'une histoire, d'une tradition, d'un discours. Pour ce qui concerne Derrida et nombre de ses lecteurs, c'est l'héritage européen qui invite à l'engagement public, au témoignage, à un enseignement fondé sur des connaissances rigoureuses (théoriques et pratiques) qui débordent le pur savoir technoscientifique. Il s'agit d'inviter plus d'un destinataire à se lier d'amitié dans un projet de communauté politique qui ne serait réductible ni à une assurance, ni à un programme. Le lieu de ce projet est indéterminé. S'agissant d'un appel messianique et dans cette tradition, il n'est pas interdit de le nommer Jérusalem. C'est le lieu de l'élection, mais on ignore de quel retour, revenance ou anonce il s'agit.
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-------------- Propositions -------------- -Il n'y a pas de "premier" oui, le oui est déjà une réponse, un appel qui ne peut s'entendre lui-même que depuis la promesse d'une réponse -En tout langage, une structure d'archi-promesse est irréductible : c'est le moment du nom, de la parole ou du titre qui depuis son insignifiance promet le sens ou le vrai -Une structure immanente de promesse ou de désir, une attente sans horizon d'attente, informe toute parole -Une avant-première langue, toute autre, laisse sa marque dans la langue - mais comme un dehors absolu, hors-la-loi, une promesse, un appel à venir -La loi de la promesse est la loi du texte : la disjonction, qui interdit le rassemblement de l'être dans la présence -La promesse est un acte impossible, mais le seul digne de son nom : on ne peut pas la tenir, mais on peut la renouveler -L'archive garde en elle un poids d'impensé qui engage l'histoire du concept, son ouverture à l'avenir, sa promesse messianique -Une promesse doit être en même temps infinie, incalculable, intenable - et finie dans son principe, car à promettre indéfiniment, on ne promet plus -Il s'agit, dans la promesse, d'un désoeuvrement : le temps s'endette auprès d'un autre -Dans l'événement aporétique, la parole s'affecte du dehors, sa valeur d'acte et de vérité se déconstruit -On promet toujours trop - et ce "trop" est l'essentiel de la promesse -Une promesse propose - rien à l'horizon ne l'assure ni ne la garantit : la pro-position mise en oeuvre ne peut être connue absolument -L'oeuvre promet la rédemption; elle accomplit son oeuvre d'oeuvre par grâce, quasi machinalement, sans travail de l'auteur ni assistance vivante du signataire -Un poème promet, dans l'acte de son événement, la fondation d'une poétique -La promesse est déjà là, dans le langage, comme une étrange mémoire dont on ne se rappelle aucun souvenir -L'axiome de la déconstruction, ce à partir de quoi elle s'est toujours mise en mouvement, c'est l'ouverture de l'avenir -La promesse ouvre, dans le présent, un futur non saturable, l'avance d'un à-venir qui fait place à l'autre et que rien ne saurait fermer -Promettre, c'est s'engager pour l'avenir à garder un secret -L'amitié n'est jamais une donnée présente; son discours d'attente, de promesse, d'engagement, de prière, porte en ce lieu où une responsabilité ouvre à l'avenir -Les nouvelles "Humanités" à venir, sur lesquelles il faut travailler, traitent d'une idée ou d'un "propre" de l'homme qui implique toujours la promesse -La promesse du Démiurge laisse place à un "nous" indérivable, sans rassemblement assuré ni intersubjectivité, sans communauté ni réciprocité -Chaque fois que j'ouvre la bouche, je promets : et cette promesse annonce l'unicité d'une langue inouïe, à venir -En l'absence de langue maternelle, quand le passé est indisponible, surgit le désir d'écrire pour restaurer une langue originaire - comme promesse d'une langue à venir -Une promesse appartient à l'ordre de la bénédiction : je ne peux promettre que du bien -Le dégoût de Nietzsche va d'abord à la signature démocratique à laquelle il oppose une autre signature intempestive, à venir, seulement promise -A-t-on jamais joui d'autre chose que d'une promesse? -Avec la structure du "déjà-pas-encore", la singularité s'efface (déjà) pour que se dévoile ou se révèle la vérité métaphysique (pas encore) -Dans la religion comme dans la raison, un "Je promets la vérité" est toujours à l'oeuvre, où déjà la place de Dieu - celle du témoin - est invoquée ou convoquée -Toute promesse d'amitié laisse entendre un projet de communauté politique, qui appelle plus d'un destinataire à se lier -Il faut assumer l'héritage européen d'une idée de la démocratie qui reste à penser et à venir, dans la structure de la promesse -"Professer" est toujours un acte de parole performatif : c'est s'engager, par une promesse publique, à témoigner de son savoir -S'il y a une religion, c'est celle par laquelle, en héritant du Démiurge, "nous nous promettons" d'y survivre -La pure prière s'adresse à l'autre comme autre en ne lui demandant rien d'autre que de donner la promesse de sa présence - sans avoir à le déterminer ou le qualifier -[Déclarer : "Il y a là Démiurge", c'est instituer son oeuvre, son tombeau et sa promesse, qui est d'abord promesse de survie du monde] -Le messianique en général (sans contenu) est la structure formelle, indéconstructible, de la promesse émancipatoire, qui conditionne un autre concept du politique et de la démocratie -Il y a trois portes à l'avenir - qui sont aussi celles de l'archive : promesse, indétermination, secret -On peut nommer "Jérusalem" le lieu irremplaçable de l'élection, mais on ignore de quel retour, revenance, annonce ou promesse c'est le lieu |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida DerridaPromesse AA.BBB DerridaCheminementsKM.PR.OME OeuvreAVenirCB.LLK ProPassageQC.KJD AP_DerridaPromesse Rang = zQuois_PromesseGenre = - |
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