1. Il n'est de sujet que séparé de l'autre.
Selon Lévinas, un être qui se réfère à soi, qui se tient de soi, qui s'accomplit dans la solitude comme jouissance ou bonheur, implanté dans son corps, retiré dans sa maison, reçoit son existence de la séparation. Il se suffit radicalement à lui-même, jusqu'à s'affirmer comme athée. Mais la conscience de soi, accomplie positivement, n'implique pas la négation de l'être dont elle se sépare. Elle n'empêche pas l'accueil du visage ni l'hospitalité. L'être séparé s'identifie au Même, mais ne se définit pas par rapport à un tout.
Ici Lévinas s'oppose à la pensée métaphysique de l'intentionnalité. Le sujet n'est pas un être fini qui a une idée de l'infini ou qui se le représente. C'est un sujet qui parle face à face avec l'Autre. Quand il est mis en présence d'un interlocuteur concret, séparé, il entre en rapport avec l'altérité. Il n'y a dans cette relation ni mythologie, ni religion : le contact avec l'autre suffit pour faire surgir l'infini. La subordination à Autrui en tant qu'unicité et visage est le produit de sa liberté.
2. Intériorité.
L'intériorité ouvre le temps infini de la fécondité. Le sujet a une relation ambiguë avec son corps. D'une part le moi est l'identité par excellence, son être consiste à s'identifier. Mais d'autre part la vie intérieure reste secrète et se refuse au concept. Le corps vertical s'ouvre au désir. Il s'expose à l'absolument autre. Cette ambiguité se retrouve dans l'oeuvre d'art, et aussi dans la sexualité.
3. Le sujet-otage.
Par cette séparation radicale, le sujet s'écarte de lui-même pour accueillir l'autre. Il ne devient sujet que comme responsable d'autrui, hôte, otage. Ce retrait n'arrive pas dans un second temps, mais pré-originellement, dans un moment ou quasi-moment traumatique. Il faut cette persécution, cet assujettissement à l'autre, pour faire émerger le sujet.
Le psychisme est comme la pensée : il résiste à la totalisation.
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