Le talmud, lu au premier degré, aborde des thèmes. Exemples : Peut-on consommer un oeuf pondu un jour de fête? Qui doit payer pour les dommages causés par un boeuf furieux? Ces thèmes qui peuvent sembler dérisoires cachent des problèmes plus fondamentaux, non formulés comme tels. Le talmudiste doit pouvoir remonter des thèmes aux problèmes. Il peut s'appuyer sur des règles d'interprétation qui n'enferment pas dans une idéologie, mais au contraire ouvrent le sens, et aussi sur deux principes de dialogue qui ne jouent pas au même niveau :

- le mahloqèt est la controverse permanente entre les sages qui est le coeur même du talmud. Il concerne les personnes. C'est un principe de dialogue externe, entre interlocuteurs différents.

- la guezéra chava est une règle d'interprétation qu'on peut traduire par analogie sémantique, comparaison ou encore intertextualité, un mot introduit par Julia Kristeva. C'est un principe de dialogue interne, à l'intérieur du texte. Un texte est toujours en rapport avec un autre texte, et son sens dépend de la relation entre eux. Il n'existe pas de texte clos. Un seul mot commun entre deux textes, et ils cessent de s'ignorer.

Ces deux principes, juxtaposés, font éclater le texte. Il ne peut plus y avoir de dogme, ni de doctrine homogène, ni d'idéologie.