Depuis Platon, la sagesse occidentale privilégie le sujet responsable de ses actes, qui répond de manière compréhensible aux questions qu'on lui pose. Son discours se veut cohérent, ses connaissances encyclopédiques et sa visée omnisciente. Son but est la perfection morale. Il ne désire rien pour lui-même, ne change rien ni en lui ni en dehors de lui. Il se satisfait d'être identique à lui-même et ne cherche pas à devenir. Son monde est le monde du même.

Au contraire, le talmid hakham (étudiant talmudique) ne cherche pas à devenir un sage, car cela signifierait qu'il arrêterait de changer. Son art n'est pas celui de répondre aux questions (comme Platon ou Hegel), mais de les poser. Il bute sur des questions auxquelles il ne peut pas répondre, et n'est donc jamais satisfait. Dans la controverse (mahloqet), il est confronté à des interlocuteurs qui ne partagent pas son point de vue et ébranlent ses convictions. La notion d'un savoir absolu lui est étrangère.

Sur son front, cet homme porte les tefilin, des étuis qui contiennent des passages de la torah.