Il va de soi que la circoncision est réservée à l'homme. C'est moins évident pour le talith. Pourtant, dans la tradition juive, c'est un homme qui fabrique la parokhet, voile qui sépare le Saint du Saint des Saints (p14). Le talith aussi est réservé à l'homme [même si, aujourd'hui, dans les communautés libérales, parfois les femmes le portent aussi]. La tradition du tissage, habituellement réservée aux femmes, devient alors masculine [comme la libido chez Freud] (p31).

Après la circoncision, au huitième jour, on enveloppe le sexe du nourrisson dans un linge ensanglanté. On enveloppe aussi le prépuce, ce morceau de peau détachée, dans un autre linge [c'est un linceul provisoire, avant que le prépuce ne soit jeté dans le sable ou dans la terre]. En hébreu, le mot qui désigne le sacrifice (korban) signifie le proche, le rapprochement, la proximité. Depuis la destruction du temple, on a remplacé le sacrifice par la prière, pour laquelle on revêt le talith. Cette prière qui se substitue au geste sanglant rappelle aussi l'unique fois où l'homme a été circoncis. De linge en linge, on recouvre la chair prélevée. La tradition ordonne de ne jamais jeter ou rejeter le talith, de ne jamais maltraiter les franges, afin de s'assurer de l'alliance, cette alliance si fragile et si flottante.