Derrida
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Les collectes de l'Orloeuvre
   
     
Gustave Courbet                     Gustave Courbet
             
Gérard Sith - "Au plus loin du sans-fond", Ed : Guilgal, 2007, Page créée le 30 décembre 2009

 

La fosse de l'Enterrement a Ornans (Gustave Courbet, 1849) -

Dans la fosse de l'"Enterrement à Ornans", Courbet voudrait enterrer la peinture d'histoire; mais la fosse reste ouverte

   
   
   
                 
                       

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Entre le bedeau, le fossoyeur, une dame en pleurs, un républicain de 93 en bas bleus, devant toute la famille réunie et au-delà devant la République en devenir (on est en 1849) et le monde entier, Courbet prononce l'oraison funèbre (picturale) de la peinture d'histoire. Cette fois c'est terminé, l'artiste ne fera plus l'apologie des pouvoirs politiques. Il ne racontera plus rien : ni histoire, ni récit, ni anecdote. Il a bien mieux à faire. Mais justement, quoi? On a reproché à Courbet de n'avoir rien à dire, de faire une peinture vide, dénuée de tout intérêt dramatique ou moral. Sa peinture, démocratique, se mettait au niveau du peuple, absorbé dans la vie de chaque jour. Devant eux, une fosse vide et un crâne en attente du défunt inconnu sur lequel aucun autre indice n'est donné que l'existence de cette foule et de cette fosse qui s'avance au-devant du tableau. Vers qui? Vers le peintre? Vers nous, spectateurs, qui sommes appelés à rejoindre ces braves gens dans la même fosse?

Cette cérémonie dont les historiens d'art sont capables d'identifier chaque personnage, dont on connaît le lieu et la date, ne correspond pas à l'enterrement d'une personne définie. C'est n'importe quel enterrement, l'enterrement en général, saisi dans l'instant où ni le cadavre, ni le cercueil ne sont encore arrivés (pas plus ceux du mort que les nôtres).

On trouvera ici et deux reproductions du tableau dans son ensemble. La fosse occupe le centre d'un mouvement sinoueux, et détermine deux positions possibles pour le spectateur.

 

 

Courbet peint un trou autour duquel la geste sociale se déploie, mais ni la foule, ni le cercueil, ni la terre meuble, ne suffiront jamais à le combler.

 


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