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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Derrida : une voix qui ne s'efface pas | Derrida : une voix qui ne s'efface pas | ||||||||||||||||
Sources (*) : | La pensée derridienne : ce qui s'en restitue | La pensée derridienne : ce qui s'en restitue | |||||||||||||||
Pierre Delain - "Croisements", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 19 février 2010 | Un ajointement inouï, l'événement dans l'oeuvre | [Jacques Derrida voudrait ne jamais effacer l'instant de l'énonciation, de l'expérience, de l'événement] |
Un ajointement inouï, l'événement dans l'oeuvre | Autres renvois : | |||||||||||||
Derrida, une fois, une fois unique |
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Derrida, la parole |
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Derrida, singularités |
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Ce sont des choses qu'il écrit rarement dans ses textes, mais qu'il peut dire dans des conversations ou des entretiens. En 1980, à l'occasion d'un colloque à Cerisy, il aurait dit à Jean-Luc Nancy "Mais je n'ai jamais rien dit contre la voix!" (Revue Rue Descartes n°48, p68). Certains voulaient discréditer la voix - cette voix qui, comme l'explique Nancy, porte les traces et fait les différences, et Jacques Derrida, de sa propre voix montant vers l'aigu, a protesté. En 1990, dans Mémoires d'aveugle, il raconte sa jalousie à l'égard de son frère qui savait dessiner. Par opposition à ce frère, lui-même se sent appelé du côté de "cet accord du temps et de la voix qu'on appelle verbe - ou écriture" (p44). Ici, le verbe et l'écriture ne sont pas opposés, mais associés. Quelques années plus tard, en 2001, dans un entretien avec Dominique Janicaud, Derrida confirmera le propos non sans une certaine ironie à l'égard de lui-même. "Au fond de moi, je suis plus que tout autre un métaphysicien de la présence : je ne désire rien de plus que la présence, la voix, toutes ces choses auxquelles je m'en suis pris" (Heidegger en France, p114). Heidegger a été un maître pour lui, et aussi un contre-maître, un surveillant; mais des "contre", il en a eu beaucoup, il est à lui-même sa propre contrepartie, reconnaît-il dans Circonfession. Dans une interview donnée à Mireille Calle-Gruber en 1996 (Scène des différences in Littérature n°142, p21), Jacques Derrida explique que ce qui l'intéresse n'est pas tant le contenu de la philosophie que "le rythme, le ton, le geste, le "performatif", les événements", (...), l'acte d'écriture de langage". Quand il écrit sur un texte, ce qui le fait jouir n'est pas la théorie, mais la parole de l'autre, sa chose. Un texte est toujours vierge, ouvert, accueillant à une nouvelle expérience, et cette expérience est celle de l'adresse à l'autre. Dans L'Humanité du 24 janvier 2004, quelques mois avant sa mort, il déclare : "J'ai élargi le notion de trace jusqu'à y inclure la voix elle-même, avec l'idée de reconsidérer la subordination en philosophie, depuis l'Antiquité grecque, de l'écriture à la parole, et au présent vivant de la voix". La formulation est paradoxale. Que veut dire inclure? Si la voix est elle-même trace, alors elle n'est pas seulement parole vive, elle est aussi archi-écriture. Cela revient à mettre en question la dichotomie de départ entre parole et écriture, en "réhabilitant" la parole. Dans les conversations, il n'insiste pas trop, comme si cette fascination pour la présence n'était que l'aspect psychologique ou improvisé des choses, mais dans les textes, il lui arrive de radicaliser cette position. Que son premier engagement l'ait conduit à écrire contre la voix ne procède pas du hasard : il était contre, tout-contre. Il aurait voulu, dit-il, ne jamais l'effacer - mais c'est impossible. Cette trace ou cette marque, il a, comme son ami Francis Ponge, le souci de la re-marquer c'est-à-dire de l'inscrire dans le discours, mais sans effacer l'unicité de son événement. Chacun le fait à sa manière, inimitable et incomparable. Ce moment unique, secret, qu'il nomme "une fois", est le coeur de sa philosophie et aussi son hybris. C'est rien et c'est sans prix, c'est peu de chose et c'est très au-delà, tout autre. "Je voudrais ne jamais effacer cet instant de l'énonciation, oui, de l'expérience. C'est la raison pour laquelle, à partir du moment où une certaine connivence est assurée avec vous, avec Ponge ou par Ponge, j'ai finalement accepté de me livrer à quelque chose qui s'appelle un entretien. Se livrer non pas à un exercice ou à une performance, voire à l'exhibition prétentieuse d'une confession, mais s'exposer un peu, pour un temps limité, sans défense, sans trop de parade" (Déplier Ponge, entretiens de novembre-décembre 1991 avec Gérard Farasse, pp17-18, publié en 2005). D'un côté, l'instant vivant de l'énonciation, de l'expérience, de l'événement, ne peut pas s'écrire. Il ne s'écrit qu'à condition de n'être plus. Mais d'un autre côté, le désir de restitution de cet instant peut se dire, voire s'exprimer. La pratique de l'entretien, de la conversation, de la communication avec les médias voire du documentaire, du cinéma pourrait être un moyen. Mais l'autre moyen, le principal pour Derrida, aura été l'oeuvre. L'oeuvre, et l'oeuvre seule, peut rendre compte de la contradiction ou du paradoxe indépassables qui rassemblent une voix disparue et un texte lisible. Qu'elle soit en cours, promise, lue, contresignée, elle est toujours l'oeuvre de l'autre, celle à laquelle il faut, selon le principe de l'oeuvre, offrir une hospitalité inconditionnelle. L'injonction à écrire une uvre, plus particulièrement une uvre qui exalte l'événement, est aussi un refus passionné de la disparition d'un autre événement, enfoui ou encrypté, celui qui a donné lieu à l'oeuvre. Ainsi le souci de l'oeuvre serait-il une sorte de retour du refoulé. Malgré toutes les dénégations, il se réglerait sur un horizon, qui serait celui d'un désir de retour de l'expérience concrète, du vécu, de la perception immédiate voire de l'intention originels. La pensée, la théorie derridienne de l'écriture démontrent que cet horizon n'a ni stabilité, ni pérennité, ni effectivité, que l'oeuvre n'est qu'une marque dont le destin est d'errer inéluctablement ; mais la trace du désir n'est pas abolie. Comment ne jamais effacer ce qui ne peut que disparaître? Par l'oeuvrance. --- |
-------------- Propositions -------------- -[Derrida, la voix] -[Derrida, l'événement] -Et Derrida s'exclama : "Mais je n'ai jamais rien dit contre la voix!" -J'ai élargi la notion de trace jusqu'à y inclure la voix elle-même -[Pour jouir de l'oeuvre de l'autre, il faut être fidèle à ce qui arrive, en contresigner l'événement] -Avant tout discours, l'expérience de la marque articule dans la langue, à même le corps, les traumas singuliers et la structure désappropriante de la loi (re-marque) -Penser l'unique dans le système, l'y inscrire, tel est le geste de l'archi-écriture -Au fond de moi, je suis plus que tout autre un métaphysicien de la présence : je ne désire rien de plus que la présence, la voix, toutes ces choses auxquelles je m'en suis pris |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Delain DerridaLinstant AA.BBB DerridaCheminementsFI.IN.STA ArchiOeuvreEvenementRE.LKK FE_DerridaInstant Rang = YDerridaInstantGenre = - |
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