Dans tel film, les images pensent dans ce cadrage, cet éclairage, ces couleurs, ces figures de montage, etc... Même si l'on peut trouver dans d'autres films des figures similaires, ce ne sont jamais les mêmes. Les images se transforment d'une oeuvre à l'autre. Elles sont irréductibles à un système, un code, un lexique, une iconographie. Ce ne sont ni des illustrations, ni des symptômes, mais des figures qu'on peut qualifier de figurales au sens de Lyotard, car elles ne sont pas rapportables à une pensée de type verbal, descriptive ou conceptuelle. Elles résistent à l'information de la forme.

La difficulté du cinéma, c'est que ces images "figurales" renvoient aussi au figuratif. Cela tient au processus même de la fabrication d'un film : une caméra placée en un certain lieu, à un certain moment, d'une certaine façon, détermine une prise de vue. Les choses sont présentes dans l'image cinématographique, qui est nécessairement mimétique, quelles que soient les interventions du cinéaste et la technique utilisée pour tempérer cette reproduction. Pourtant l'image qui en résulte est composite, plurielle, dissemblable. Elle tient au cinéaste, et aussi aussi au chef opérateur, aux éclairagistes, aux accessoiristes, aux décorateurs, et aussi aux acteurs voire aux personnages du film.

Photo © D.R.