(Bertille) J'ai toujours été persuadée que je n'avais pas de père, aucun père. Bendito ne m'a jamais caché cette vérité là, il m'a toujours dit et rappelé que j'étais une orpheline. Pourtant là n'est pas la question. Je ne me préoccupe pas de l'histoire de ma naissance, c'est une affaire classée. Même orpheline, j'aurais pu supposer l'existence de ce père biologique inconnu, j'aurais pu y rêver, j'aurais pu l'inventer dans le fond de mon esprit, parallèlement à ce père adoptif que je crois bien n'avoir jamais pris, jamais, en délit de mensonge. On m'a raconté les conditions dans lesquelles j'ai été adoptée, et je sais que Bendito a fait ce qu'il fallait faire, il a été un père aussi agréable et sympathique qu'on puisse imaginer, un père plutôt impressionnant mais juste comme il faut. Et pourtant jamais, jamais il n'a occupé cette place. Il n'en voulait pas. En somme moi je n'en voulais pas non plus. On a été d'accord depuis le début. J'acceptais sa personnalité et son autorité, lui me prenait pour une personne entière, à laquelle il ne manquait rien. Je savais qu'il m'adorait et que cet amour se situait sur un autre plan. Il n'y avait pas de filiation.