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L'écranophile en voix off | L'écranophile en voix off | ||||||||||||||||
Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 22 avril 2010 - |
Après tout, ce n'est pas un crime de vouloir rester jeune (La Comtesse, Julie Delpy, 2010) |
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Trente-neuf ans, tel est l'âge supposé de la comtesse quand [dans le film] elle tombe amoureuse du beau et riche jeune homme, et tel est aussi l'âge de Julie Delpy quand elle tourne ce film qu'elle a porté en elle pendant une dizaine d'années, dont elle a écrit le scénario, qu'elle a mis en scène, joué et dont elle a composé la musique (excusez du peu). L'identification semble complète. La comtesse hongroise n'a-t-elle pas, elle aussi, été l'auteur de son histoire? N'a-t-elle pas été la seule femme indépendante dans l'aristocratie de l'époque, comme Julie Delpy est l'une des seules femmes réalisatrices d'Hollywood? Posons la question. Pourquoi Julie Delpy, encore jeune selon les standards de notre époque - elle est née en 1969 - a-t-elle choisi ce personnage controversé qu'est la comtesse Bathory, réputée sadique et criminelle? Inutile d'inventer une réponse, car on en trouve une toute faite sous forme de question inscrite au fronton de l'affiche du film : Est-ce un crime de vouloir rester jeune? Voici une femme qui n'agit ni par calcul politique, ni par perversion sadique, mais sous l'emprise d'un amour incontrôlé pour un garçon de 20 ans plus jeune qu'elle. Chaque jour elle se regarde dans le miroir, elle se voit vieillir, jusqu'au moment où elle croit trouver la solution : se baigner dans le sang de jeunes filles vierges. En quoi est-ce que cela nous concerne? Les filles d'aujourd'hui craignent toujours la vieillesse. Les rides menacent, malgré les vitamines, les crèmes de beauté et la chirurgie esthétique. L'obstacle reste insurmontable. La société impose le devoir de rester jeune, mais interdit, aujourd'hui comme hier, de s'en donner les moyens. S'il en était autrement, Julie Delpy ne pourrait pas s'identifier à la comtesse Bathory. |
La vraie comtesse, née en 1560, a été accusée d'avoir torturé et tué de nombreuses jeunes filles. Elle a été emprisonnée dans le chateau de Cachtice (la Slovaquie actuelle, qui faisait à l'époque partie de la Hongrie) où elle est morte quatre ans plus tard. Alors que certains historiens doutent de cette accusation - qui pourrait avoir été extorquée par la torture - Julie Delpy la prend pour point de départ de son histoire. Pourquoi donc une femme torturerait-elle d'autres jeunes femmes? Pour rester jeune. Elle se baignait dans le sang de ses victimes, dit une légende apparue pour la première fois en 1729. Si cette interprétation avait été proposée par un homme, on aurait pu la considérer comme mysogyne. Une femme riche, qui parlait et écrivait quatre langues, capable de gérer ses propres affaires et (en plus) d'intervenir dans le champ politique, voilà qui était inacceptable. Pourtant Julie Delpy, qui se dit féministe, préfère la légende à l'histoire. Elle prend la suite d'une tradition cinématographique qui remonte en 1971 (Les Lèvres rouges, de Harry Kümel, suivi par une dizaine d'autres films) et privilégie systématiquement la thèse de la Dracula féminine, criminelle par vanité, dans l'espoir de préserver son pouvoir de séduction. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Films CinemaChrono 2010.DE.LPY zm.Delpy.2010 Rang = YCDelpyComtesseGenre = MH - NP |
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