Dans la logique babylonienne, il faut que les hommes se regroupent pour accroître leur puissance. Ils doivent former des collectivités aussi vastes que possible, construire des cités, des bâtiments entourés de murailles pour se protéger, et aussi glorifier le nom qu'ils se donnent. Les textes qui les concernent sont au pluriel : Allons ! Fabriquons... Cuisons... Allons! Bâtissons-nous... faisons-nous... (Gn 11:3-4). Ils contrastent avec les Dix Commandements du Sinaï, qui sont au singulier : Tu ne tueras point... Pour eux, l'unique existence possible est collective. Ils forment une masse à laquelle répond le gigantisme des constructions. Pour Yhvh, c'est une transgression qui dépasse les limites humaines. Alors que la démesure individuelle se heurte à des limites ou échoue d'elle-même, il faut une force divine pour s'opposer à la puissance totalitaire. La porte de Babel n'est pas celle de Dieu, mais celle de la confusion, de la folie des grandeurs. Pour l'arrêter, il faut agir par dispersion et division. Les peuples ne pourront plus communiquer. Ils ne se comprendront plus. Il leur faudra passer par des tiers : Cyrus le perse, l'humaniste, ou Abraham l'hébreu, qui fera alliance avec Yhvh.