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                            NIVEAUX DE SENS :

                     
                     
Totalitarisme, biopolitique                     Totalitarisme, biopolitique
Sources (*) : La vie nue, coeur du moderne               La vie nue, coeur du moderne
Giorgio Agamben - "Homo sacer I. Le pouvoir souverain et la vie nue", Ed : Seuil, 1997, pp130-1

 

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Giorgio Agamben

[Le totalitarisme est la conséquence ultime de la transformation de la politique en biopolitique]

Giorgio Agamben
   
   
   
                 
                       

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C'est Michel Foucault qui a inventé le terme biopolitique. Il désigne la volonté des Etats de régler le travail, la vie spirituelle, mais aussi la vie privée (de la naissance à l'éducation, au mariage, à la maladie et à la mort), le sexe, le corps, la santé, le bonheur, la jouissance, le "droit" à la vie, etc... Depuis les débuts de la modernité, on observe partout une extension progressive du champ d'action des différents pouvoirs. La vie biologique et ses besoins sont devenus le fait politique décisif, qui fait perdre de leur pertinence aux distinctions traditionnelles (droite / gauche, public / privé, libéral / totalitaire). Le pouvoir souverain y agit en symbiose avec le juriste, le médecin, le savant, le prêtre, sur une frontière incertaine entre la décision sur la vie et la décision sur la mort. Des notions hybrides entre le droit et le fait (les bonnes moeurs, la santé, la race, la force majeure, l'ordre public, etc...) se multiplient.

Michel Foucault a étudié les implications de la biopolitique dans les dispositifs de pouvoir et de subjectivation, mais il ne s'est pas intéressé aux grands Etats totalitaires du 20ème siècle. Hannah Arendt a étudié ces Etats. Elle a mieux perçu le lien entre le camp de concentration et la domination de l'homme, mais elle n'a pas mesuré la généralisation de la transformation de la politique en espace de la vie nue. Pourtant le camp de la mort, comme espace biopolitique pur, absolu et infranchissable, apparaît comme le paradigme caché de l'espace politique moderne. Le führer d'une part, le "musulman" du camp d'autre part, sont les deux pôles opposés d'une même structure, dans laquelle le corps est directement et immédiatement exposé au pouvoir politique - soit comme voix du führer, soit comme objet à détruire. En exterminant les juifs, les nazis les excluaient du profane comme du sacré. Ils ne les sacrifiaient pas, ils les éliminaient comme vies nues.

Le nazisme et le fascisme, deux mouvements biopolitiques au sens propre, ont voulu identifier complètement la vie et la politique. Sous des formes différentes, leur ambition a été reprise, presque sans solution de continuité, par les Etats démocratiques.

 

 

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Propositions

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Au führer qui s'identifie avec la vie biopolitique même du peuple allemand, correspond le "musulman" du camp, qui est devenu incapable de distinguer entre sa vie nue et la norme

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Le totalitarisme du 20ème siècle a son fondement dans l'identité dynamique de la vie et de la politique; sans elle, il reste incompréhensible

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La parole du führer n'est ni une règle, ni une exception, elle n'opère ni comme droit, ni comme fait, mais directement en tant que vive voix, norme

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Les nazis n'ont pas exterminé les juifs dans un holocauste, mais comme "vie nue", insacrifiable

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Au 20ème siècle se multiplient des notions hybrides comme le devoir d'intervention, l'ordre public, la force majeure, qui renvoient à des situations où la loi n'est plus déterminable

 


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