Jusqu'à Hegel, la philosophie construit des systèmes. On suppose que la loi de l'être est aussi celle de la pensée. Il n'y a pas de place pour le philosophe comme sujet singulier, mortel. Les choses commencent à changer avec Kierkegaard et Schopenhauer. Commencent à se poser les questions du péché et de la rédemption personnels, ou celle de la valeur de monde pour l'homme. Peut-elle trouver sa solution dans un système autonome et universel? N'y a-t-il pas un homme, un philosophe avec ses problèmes, réfléchissant sur sa vie, au commencement de tout système? Le philosophie est la réaction d'un esprit individuel à l'impression que le monde a faite sur lui. Cette réaction est fort peu scientifique. Devant le Tout se dresse l'Un. C'est cette nouveauté qui s'inscruste de manière indélébile dans l'oeuvre de Nietzsche.

Voici un homme qui se réjouit de sa liberté et de sa perspective illimitée. Il ne sépare pas la philosophie de son propre Soi. Chez lui, l'homme et le penseur restent un jusqu'au bout. Le philosophe cesse d'être quantité négligeable pour sa philosophie. Il la domine. C'est l'homme vivant qui fait de la philosophie, qui prend le dessus sur elle. L'homme sort du monde qui se sait comme pensable [le monde hegelien], il sort du Tout de la philosophie.