En présupposant l'identité de l'être et de la pensée, la philosophie subordonne la pensée à l'idée d'un Tout connaissable, d'un système dans lequel toutes les parties de l'être s'intégreraient. Dans ce cadre l'éthique se pose comme une de ces parties, comme une dimension de la compréhension du Tout. Par sa formulation de la loi morale comme ayant valeur universelle, Kant fait lui aussi prévaloir le concept du Tout sur l'unicité de l'homme - et ce malgré sa définition géniale de la liberté comme "miracle dans le monde des phénomènes".

Après l'ouverture par Nietzsche d'une pensée de la singularité, on ne peut plus comprendre le concept d'éthique de cette façon. L'éthique se rattache à la vision du monde d'un philosophe, un homme impliqué intimement dans une vision de la vie. La métaéthique est une sortie de l'éthique en-dehors du domaine du savoir par ce qu'on appelle - faute de mots moins marqués par la pensée traditionnelle - la vie personnelle, la singularité, l'individualité. C'est admettre qu'il puisse exister une réalité extérieure au vaste domaine des choses connaissables.