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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Derrida, la métaphore | Derrida, la métaphore | ||||||||||||||||
Sources (*) : | La pensée derridienne : ce qui s'en restitue | La pensée derridienne : ce qui s'en restitue | |||||||||||||||
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 11 juin 2010 | Orlolivre : comment ne pas œuvrer ? | [Derrida, la métaphore] |
Orlolivre : comment ne pas œuvrer ? | ||||||||||||||
On peut présenter la métaphore en quatre "moments", concomitants et inséparables. 1. Elle s'inscrit dans une syntaxe et une sémantique. Une métaphore ne naît pas au hasard. Elle dépend de réseaux associatifs qui véhiculent des passions, des affects, des lexiques privilégiés. Il s'agit de vouloir dire la vérité. La "bonne" métaphore avance un autre sens, mais qui reste commandé par le "sens propre" - ce sens idéal supposé, depuis Aristote, donner la vérité essentielle de la chose même. Dans l'histoire des sciences, elle contribue à l'émergence de nouveaux concepts. On attend d'elle qu'elle clarifie ou enrichisse le discours. Ce n'est pas un élément externe, superficiel, c'est un élément central qui contribue à définir une signification que l'on suppose, a priori, stable. Mais s'il y a métaphore, il y a décalage, déformation, téléologie, qui doit coexister avec la stabilisation du sens.
2. Elle dissémine, elle déborde, elle dérive. La duplicité de la métaphore, c'est qu'en voulant contribuer à fixer une signification, elle s'en écarte. Le sens se disperse selon des lignes de gain et de perte qui ne se laissent pas intérioriser. Donner un autre sens, c'est traduire dans un nouvel idiome plus vaste que le premier (métamphore), au risque que la métaphore elle-même soit débordée. En faisant survivre le texte d'origine, elle le transforme, elle en fait autre chose. Comme une roue qui tourne, elle fait prendre le risque d'un détournement, d'une catastrophe. Certes nous la suivons volontiers. Nous nous laissons transporter, déplacer, car elle procure une prime de plaisir qui joue sur l'écart entre la chose signifiée et la figure. Mais dans le même processus, elle réitère, recouvre et reproduit un mouvement immaîtrisable. En ouvrant l'errance du sémantique, elle ne donne aucune assurance de vérité.
3. Dans sa fonction de relance, elle est ambiguë. Quand un système - par exemple une construction philosophique - a tendance à se figer dans des figures usées dont le sens est presque oublié, on le relance par la métaphore. On essaie de le réactiver de l'extérieur, mais la multiplication des figures de substitution, des détours, des tropes, des déplacements et des exemples entre en contradiction avec la logique du système. A la limite le logos ou la Raison qu'on prétend relancer se réduisent à une fable qui s'effacerait sans le renouvellement constant de la métaphore. Cette nouvelle et mauvaise écriture est inéluctable. Elle vient en trop. Comme la catachrèse, elle porte en elle la destruction ou la mort de la "bonne" écriture (la parole vive, le discours de savoir, la philosophie).
4. Aujourd'hui, son retrait. La modernité littéraire tend à s'échapper de la tyrannie du sens propre. En marquant la spécificité de l'écrit, elle vit en-dehors d'elle-même (Mallarmé, Lautréamont, Kafka). Elle invente des modèles ou des machines d'écriture (Freud) qui ne l'assujettissent ni à la logique, ni à l'écriture phonétique, ni à la parole vive. Bien qu'elle continue à se déployer dans la multiplicité des figures du discours, bien qu'elle soit toujours plus envahissante et proliférante et surabondante, bien qu'elle déborde toute limite, la métaphore se replie sur elle-même, elle s'invagine, elle se retire. Ce qui est nouveau, c'est qu'elle ne peut plus servir pour nommer l'être. Elle n'est plus métaphorique mais "quasi"-métaphorique, elle dit le rien. Selon Nietzsche, en un lieu où le dernier homme, le dernier philosophe, oublie tout, un lieu de guerre, de différences de forces, il peut arriver une transgression, un pas au-delà de la loi. Sur un anneau qui tourne éternellement sur lui-même, contre la domination de la culture moyenne, le génie (toujours unique) peut se faire métaphore vivante d'une volonté de puissance, d'une vie plus que la vie.
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-------------- Propositions -------------- -La métaphore est double : 1/ elle s'inscrit dans une syntaxe et un système sémantique; 2/ elle dissémine selon les lignes du texte -L'espace métaphorique nous transporte, nous déplace, nous y habitons sans pouvoir en arrêter ni maîtriser le mouvement -En marquant l'aventure du sens, détaché de la chose et de la vérité qui l'accorde à son référent, la métaphore ouvre l'errance du sémantique -Une oeuvre survit par accroissement métaphorique au-delà de son contenu (métamphore), jusqu'à ce que la métaphore elle-même soit débordée (ammétaphore) -La roue est un dispositif extraordinaire, la métaphore d'une logique de l'itérabilité - et aussi de l'auto-immunité -Qu'en est-il de la voix et du temps? Tous deux reproduisent l'auto-affection pure, ce pur mouvement qui n'est engendré par rien, et dont on ne peut parler que par métaphore -La production philosophique repose sur la catachrèse, cette métaphore forcée, abusive, qui par un coup de force et contre l'usage, impose à un signe un autre sens -L'idéal aristotélicien, auquel la philosophie n'a jamais renoncé, est de maîtriser le langage en limitant à un seul le sens des mots - ce qui rejette la dissémination hors du langage -L'histoire de la philosophie se confond avec l'usure ou l'effacement de ses concepts, dont l'énergie doit être réactivée par la métaphore -Comme une fleur séchée dans un livre, la métaphore porte la mort en elle, et cette mort est celle de la philosophie -La figure de la métaphore dans le texte philosophique ne peut pas être conçue philosophiquement, car elle vient toujours en plus - ou en trop -Un schème domine la philosophe occidentale : une bonne écriture (naturelle) opposée à une mauvaise (artificieuse) ne peut être désignée que dans la métaphore de la mauvaise -A vouloir garder intacte l'opposition traditionnelle de la métaphore et du concept, on s'interdit de rien comprendre à l'histoire de la science, et aussi d'y contribuer -On ne peut, dans le rapport métaphore-concept, sauver à la fois la téléologie et la coupure épistémologique -[Aujourd'hui, au moment de son extension la plus envahissante, la métaphore se retire] -L'être n'étant rien, on ne peut en parler que "quasi"-métaphoriquement, avec la surcharge d'un trait supplémentaire, d'un "re-trait" -La modernité littéraire tend à s'émanciper de la métaphore ou de la figure en marquant la spécificité de l'écrit -Freud invente une machine d'écriture (graphie métaphorique) qui n'est assujettie ni à l'écriture phonétique, ni à la parole vive -Sauver le génie, métaphore vivante de la mère, de la vie ou de la vie plus que la vie, contre la domination de la culture moyenne, telle est la métaphore en général -Babel n'est pas une figure parmi d'autres : c'est le mythe de l'origine du mythe, la métaphore de la métaphore, le récit du récit, la traduction de la traduction |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida DerridaMetaphore AA.BBB DerridaCheminementsZZ.ME.TAP ConceptOrloeuvreDD.LDD BM_DerridaMetaphore Rang = OMetaphGenre = - |
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