Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

                     
                     
Déconstruction, traduction, survie des oeuvres                     Déconstruction, traduction, survie des oeuvres
Sources (*) : Derrida, la déconstruction               Derrida, la déconstruction
Pierre Delain - "Pour une œuvrance à venir", Ed : Guilgal, 2011-2017, Page créée le 24 juillet 2010

 

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Derrida, la traduction

[La déconstruction s'apparente à une traduction nécessaire et impossible, interdite et imposée, dont la tâche serait de faire survivre et croître les oeuvres de la tradition]

Derrida, la traduction
   
   
   
Pour plus d'une déconstruction à venir Pour plus d'une déconstruction à venir
Au - delà du cycle de vie, une vie indéconstructible               Au - delà du cycle de vie, une vie indéconstructible    
Essai d'interprétation d'une pensée bien mal nommée                     Essai d'interprétation d'une pensée bien mal nommée    

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1. Débordement.

Pour recueillir l'héritage de la tradition philosophique, il faut traduire - soit d'une langue à l'autre (traduction interlinguale), soit à l'intérieur d'une même langue (traduction intralinguale) - mais quels que soient les efforts et la rigueur déployés, le résultat diffère du point de départ, une traduction parfaitement adéquate est impossible. Derrida insiste sur cette tension ou aporie qui ouvre nombre de ses textes. Par exemple La Pharmacie de Platon (in La Dissémination) commence avec la difficulté de traduction du mot pharmakon : peinture, remède, poison, drogue, philtre, etc... Aucun de ces mots n'épuisant le pharmakon, il faut toujours trouver d'autres mots, d'autres métaphores. L'œuvre originale est transformée, débordée par ces traductions (métamphore). D'un côté, faire de la philosophie, c'est fixer des concepts, c'est-à-dire traduire de manière aussi univoque que possible; mais d'un autre côté, les difficultés de la traduction sont irréductibles. Elle conduit à faire venir, dans l'original, des contenus qui lui étaient étrangers. Si l'exigence de fidélité est mise en échec, c'est la possibilité même de la philosophie qui pose question. En évitant les transpositions violentes d'une langue à une autre, on déclenche l'irruption du non-philosophique dans le philosophique.

 

2. Accroissement.

Ainsi les thèmes de la philosophie, de la déconstruction et de la traduction sont-ils liés, ce qui conduit Derrida à commenter à plusieurs reprises le texte de Walter Benjamin, La tâche du traducteur (voir ici). Marc Crépon (Derrida, la tradition de la philosophie, p44) insiste sur un aspect de ce travail : la promesse de la déconstruction ne conduit pas à une destruction des œuvres, mais au contraire à l'extension de leur histoire, à leur développement. Il faut pour cela un "autre" concept de traduction où s'invente un idiome singulier qui ne reproduise pas les systèmes d'opposition de la tradition, mais ouvre le mouvement de la différance.

Les textes de la tradition sont lus en traquant l'illusion du "signifié transcendantal". Avec l'irruption de nouveaux concepts : l'archi-écriture, le gramme, la trace, l'espacement, le supplément ou l'hymen, ce n'est plus d'interprétation ni même de traduction des œuvres qu'il s'agit, mais de survie. Cette survie n'a pas pour objectif de préserver l'intégrité des œuvres, ni d'en faire des monuments, ni de les conserver. Il s'agit de les faire croître en faisant croître la langue elle-même - une tâche "messianique", pour reprendre le mot que Walter Benjamin utilise dès ses textes de jeunesse.

 

 

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Propositions

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A la philosophie qui traduit les valeurs de vérité, il faut préférer le contrat de traduction, qui promet une autre alliance entre les langues

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Pour avoir "droit" à la philosophie, il faut être formé à la langue philosophique telle qu'on la parle, avec l'expérience des traductions inter- et intralinguistiques

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On peut lire chaque texte de Jacques Derrida comme le projet d'un "autre" concept de traduction : inventer un idiome singulier, par l'irruption imprévisible d'une "autre" langue

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Une oeuvre survit par accroissement métaphorique au-delà de son contenu (métamphore), jusqu'à ce que la métaphore elle-même soit débordée (ammétaphore)

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La traduction n'est ni une réception, ni une communication, ni une reproduction d'un texte dans une autre langue : c'est une opération destinée à assurer sa survie comme oeuvre

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Le contrat de traduction - hymen ou contrat de mariage - promet une semence, l'invention d'un enfant qui donnera lieu à histoire et croissance

 


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