Sur les traces de Descartes, Husserl, lui aussi, fait retour à l'ego cogito. Il doute de toute science, de l'existence du monde. de celle des autres moi, de toutes les données d'expérience, de toutes les formes sociales et culturelles, et même de son corps. Mais pour que cette réduction soit encore possible, il faut qu'il ne soit pas réduit au pur néant. La vie est encore là pour lui, avec la conscience de son champ de perception. Il peut saisir le présent comme présent, le passé comme passé. Il n'admet aucune croyance comme valable et renonce à toute intention, y compris aux représentations abstraites, aux jugements d'existence et de valeur et à tous les actes d'auto-détermination. Mais là encore, ces croyances et intuitions ne disparaissent pas. Le donné intuitif subsiste, même si le moi philosophique pratique l'abstention à son égard. Les visées sont présentes, mais sans objet, sans détermination, comme simples phénomènes.

Par cette méthode universelle et radicale, qu'on appelle aussi "epokhè phénoménologique", Husserl pense se saisir comme "moi pur", avec sa vie de conscience pure qui lui est propre. Le monde et les jugements de valeur (cogitationes) ne tirent leur sens et leur validité que de sa conscience, son ego pur (cogito). C'est ce domaine transcendantal qui est primaire, le domaine d'existence naturelle n'étant que de second ordre.