Cela vaut pour toute écriture, mais aussi pour toute parole ou toute communication. Dès qu'une marque est émise [un mot, une phrase, un message], elle peut fonctionner en l'absence de l'émetteur. Il ne l'assiste plus, il la laisse, il l'abandonne [première absence]. La première émission de la marque, la première fois n'est plus là [comme le seront la seconde, la troisième, etc...] [seconde absence], et quant au destinataire possible, il est inconnu lui aussi [troisième absence]. Ces absences répétées creusent dans la marque même, par avance, ce qui peut y suppléer : re-marque. Entre marque et remarque, une étrange familiarité, et aussi une altérité. Ce qui vient en absence de la première fois est comme une première fois, mais ce n'est pas cette première fois (cette première fois-là), c'est une autre fois. Présence et absence sont indissociables.